Le Conseil des gouverneurs du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé mardi 3 août 2021 une allocation de droits de tirages spéciaux (DTS) d’un montant équivalent à 650 milliards de dollars, afin d’accroître les réserves en liquidités de ses pays membres, une bouffée d’oxygène en vue pour ceux étouffés par la crise, comme la Tunisie.
«Il s’agit d’une décision historique: la plus importante allocation de DTS de l’histoire du FMI et une bouffée d’oxygène pour l’économie mondiale en cette période de crise sans précédent», s’est félicitée la directrice générale du fonds, Kristalina Georgieva. L’allocation, qui avait déjà reçu l’aval du conseil d’administration de l’institution depuis le mois dernier, entrera en vigueur le 23 août prochain.
Créés en 1969, les DTS sont un instrument monétaire émis par le FMI afin de compléter les réserves de change des différents pays adhérents à l’institution. Depuis 2016, il se construit à partir d’un panier de cinq devises : le dollar américain, l’euro, le yen, le yuan (ou renminbi) et la livre sterling.
Si le mécanisme est devenu plus obsolète à la suite du passage à un régime de taux de change flottants dans les années 1970, les récentes crises l’ont remis au goût du jour. Après la crise de 2008, 182,6 milliards de DTS ont ainsi été mobilisés à destination des pays membres. La conditionnalité de ces prêts fait débat, mais compte tenu des taux d’intérêt substantiellement bas – actuellement autour de 0,05 % -, les DTS ne sont pas considérés comme une créance pour le FMI.
Les fonds sont alloués aux pays selon un système de quote-part – soit la part du capital du FMI qu’ils détiennent. Sur les 650 milliards de dollars approuvés mardi, 375 milliards iront aux pays développés, tandis que les pays émergents et en voie de développement se partageront les 275 milliards restants.
Ce partage suscite des inquiétudes, alors que les économies les plus pauvres sont celles qui ont le plus besoin de liquidités. La dirigeante du FMI avait bien annoncé en juin dernier que 33 milliards de dollars seraient immédiatement mobilisés à destination des pays africains, mais ce montant reste inférieur aux besoins de financement du continent, que beaucoup d’observateurs estiment à plus de 200 milliards de dollars.
Consciente du décalage, l’institution assure qu’elle continuera de négocier «avec les pays riches» afin qu’ils puissent «redéployer leurs DTS au profit des pays plus pauvres et plus vulnérables».
Lors du sommet pour le financement des économies africaines, qui s’est tenu en mai à Paris, la France avait plaidé pour un transfert de 65 milliards de dollars de la part des Occidentaux vers les pays africains.
Agences.
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