Le président de la république Kaïs Saïed, qui a pris en main la totalité du pouvoir exécutif depuis l’annonce des «mesures exceptionnelles» le 25 juillet dernier, cherche-t-il à faire de Sidi Bouzid, le gouvernorat du centre où a éclaté, le 17 décembre 2010, l’étincelle de la révolution tunisienne, un modèle de l’assainissement de l’administration publique, gangrenée par la corruption ?
Par Imed Bahri
Jugeons-en : après la Commissariat régional du développement agricole (CRDA), la Délégation régionale de l’Education nationale, où a éclaté un scandale de recrutement de faux diplômés, c’est au tour de la Délégation régionale de la Jeunesse et des Sports, où des arrestations ont été effectuées et des mandats de recherche lancés cette semaine, qui sont dans le collimateur des services de contrôle de l’Etat, traquant les fraudeurs parmi les cadres de l’administration.
Selon des sources à Sidi Bouzid, la semaine prochaine, ce sera au tour de la Délégation régionale de l’Équipement d’être dans le viseur des contrôleurs. Et ce sera, on s’en doute, le gros morceau, car le ministère de l’Équipement, de l’Aménagement du territoire et de l’Habitat a toujours été l’un des bastions de la corruption administrative avec, notamment, l’attribution des marchés de la construction des infrastructures publiques.
Sidi Bouzid, on le sait, est très chère à Kaïs Saïed. Pour preuve : c’est le gouvernorat du pays qu’il a le plus visité depuis son investiture fin 2019 et auquel il réserve ses plus importants discours. Mais ne dit-on pas «Qui aime bien châtie bien»?
Il faut savoir que les habitants de Sidi Bouzid appellent leur région ironiquement le «sultanat indépendant» car tout ou presque y est permis… Et il n’est pas rare d’y rencontrer des directeurs et des sous-directeurs d’administrations publiques gérer un kiosque au marché des légumes ou disposer d’une autorisation de taxi, au nom d’un proche…
M. Saïed, qui a fait de la lutte contre la corruption sa priorité en matière de réformes structurelles, voyant dans ce fléau la source de tous les maux de la Tunisie, a-t-il décidé de commencer par la traque de la petite corruption, parce que la grande nécessite une coopération plus franche et plus active d’une justice, elle même gangrenée, et qui traîne les pieds? Ça en a tout l’air…
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