La communauté des pêcheurs artisans en Tunisie s’enfonce de plus en plus dans la précarité malgré l’importance de la filière de la pêche côtière qui contribue fortement à la production maritime nationale (36% en 2019), alerte une enquête du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) réalisée auprès des petits pêcheurs de Teboulba (Monastir), Kerkennah (Sfax) et Zarzis (Médenine).
L’enquête, réalisée par la chercheuse Emna Ben Kahla auprès de 450 petits pêcheurs (250 à Kerkennah, 150 à Zarzis et 50 à Teboulba), a permis de mettre l’accent sur les difficultés qui hantent ce sous-secteur. Il s’agit essentiellement, de la diminution progressive des ressources halieutiques, du faible rendement des pêcheurs (manque d’encadrement), la défaillance de l’infrastructure de base, l’absence de sécurité en mer, les conflits avec les autres activités, notamment la pêche au chalut, l’incursion illégale de certaines unités de la pêche hauturière dans des zones de faibles profondeurs et le non-respect du calendrier.
Les pêcheurs interrogés dans le cadre de cette enquête ont aussi évoqué l’irrégularité du travail le long de l’année, en raison des aléas climatiques et la non disponibilité des ressources dans l’espace et dans le temps.
L’enquête a, en outre, révélé qu’en dépit de son importance économique et sociale et sa contribution au développement régional, la pêche côtière en Tunisie reste encore typiquement traditionnelle, pour la majorité des unités.
Face à tous ces problèmes, l’enquête a ainsi fait état d’une diminution accrue du taux d’absorption des jeunes de moins de 30 ans par le secteur de la pêche d’une année à l’autre, témoignant d’une désaffection pour ce secteur, alors que l’on assiste à un vieillissement de la population des pêcheurs dans les régions ciblées par l’enquête.
Pour protéger le sous-secteur de la pêche artisanale et d’assurer sa durabilité, l’auteur de l’enquête a plaidé pour la mise en place d’une stratégie nationale pour la réhabilitation et le développement de la pêche côtière en Tunisie. Cette stratégie doit s’articuler autour de la lutte contre la pêche illicite, non réglementée et non déclarée, la réglementation des circuits de commercialisation, le renfoncement de rôle des organisations professionnelles.
Elle devrait également, favoriser l’aménagement de l’infrastructure portuaire, l’établissement d’un régime spécial pour la couverture sociale des pêcheurs, la mise en œuvre d’une stratégie de valorisation des produits maritimes et la mise en place d’un plan national visant à assurer la sécurité en mer des pêcheurs…
TAP.
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