L’analyse des échanges de marchandises de la Tunisie avec le monde extérieur a subi, au cours des dix dernières années, des distorsions majeures, voire gravissimes. Distorsions qui sont à peine effleurées par les responsables et les journalistes.
Par Samir Gharbi
Le chiffre du déficit est devenu ahurissant : 13,4 milliards de dinars pendant les 10 premiers mois de 2021, contre 12,8 milliards pour les 12 mois de 2020. C’est l’équivalent de 11% du PIB attendu en 2021. Presqu’autant que la masse salariale de la fonction publique !
Savez-vous que 54 % de ce déficit est dû à l’afflux considérable de marchandises en provenance de deux pays – Chine et Turquie, alors que la Tunisie commerce avec 183 pays !
Le déficit avec ces deux pays s’élève à 7,2 milliards, contre 6,2 milliards avec le reste du monde. La Tunisie achète de tout à ces deux pays, qui ne lui achètent presque rien… Les produits finis ainsi importés alimentent souvent le circuit informel et nuisent énormément à l’équilibre des petites et moyennes entreprises tunisiennes. Ils enrichissent les intermédiaires et autres adeptes du gain rapide et facile… au détriment des producteurs nationaux. (J’ai fouillé dans les statistiques douanières pour voir de près et reviendrais en détail, ici même, sur la nature de ces achats).
Savez-vous aussi qu’avec ses trois partenaires «historiques» – France, Italie, Allemagne – la Tunisie est en position excédentaire : elle leur vend plus qu’elle ne leur achète. L’excédent le plus important est réalisé avec la France : +3,2 milliards de dinars en 2021 (10 mois), suivie par l’Allemagne (+1,5 milliard). Avec la France, la balance est excédentaire depuis 2004 !
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