Hier, mercredi 16 décembre 2021, tous les artères de Tunis étaient bouchonnées pendant plusieurs heures en raison des longues files devant les stations-services constituées par des automobilistes qui, après l’annonce d’une grève partielle des distributeurs de carburants, craignaient la panne sèche. Ce spectacle désolant préfigure-t-il ce que nous risquons de vivre bientôt avec les problèmes structurels du déficit énergétique et de celui, plus grave encore, des finances publiques? En l’absence d’une ébauche de solution à ces problèmes appelés à s’aggraver, la crainte est légitime…
Par Imed Bahri
En réaction à la panique des automobilistes, Afif Mabrouki, directeur de la distribution de carburant au ministère de l’Industrie, a cru devoir intervenir sur Mosaïque FM, pour rassurer l’opinion et calmer les esprits. La grève de trois jours concerne les sociétés de transport de carburant, et non celles de distribution, et seule une partie des travailleurs membres de l’Union des travailleurs de Tunisie (UTT) observeront cette grève en raison de leurs problèmes avec les employeurs avec lesquels ils n’étaient pas parvenus à un accord, a-t-il expliqué.
Le responsable a lancé cet appel aux citoyens : «Il n’y a pas lieu de paniquer et d’aller dans les stations-service, car cela créera une crise dans l’approvisionnement en carburant.» «Nous assurons les citoyens que le carburant est disponible et nous avons effectué les préparatifs nécessaires avec les différentes sociétés de distribution, et l’approvisionnement en carburant ne s’arrêtera pas», a-t-il ajouté.
Il n’en reste pas moins que le creusement du déficit énergétique de la Tunisie, qui doit importer désormais plus de la moitié de ses besoins en carburant, alors que ses réserves de devises s’amenuisent jour après jour et que le cours du pétrole sur le marché mondial continue de flamber, reprise de la croissance économique oblige, a de quoi justifier les inquiétudes de voir la Tunisie connaître bientôt un scénario semblable à celui vécu actuellement par le Liban confronté aux mêmes problèmes.
On pourrait calmer momentanément les esprits en assurant que la situation est sous contrôle et que la pénurie n’est pas (ou pas encore ?) à l’ordre du jour, mais ne doit-on pas plutôt penser à des solutions durables au déficit énergétique structurel dont souffre le pays pour chasser réellement des esprits le spectre d’une pénurie d’essence ou même d’électricité, eu égard les difficultés financières structurelles de la Société tunisienne d’électricité et de gaz (Steg) ?
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