La vie politique est semée d’embûches et ceux qui s’y aventurent n’ont de cesse de le découvrir à leurs dépens. C’est le cas de Fadhel Abdelkefi, président du parti Afek Tounes, qui s’est fait chahuter aujourd’hui, dimanche 6 février 2022, lors de la marche organisée en commémoration de l’assassinat du dirigeant de gauche Chokri Belaïd et pour exiger la vérité sur les commanditaires de cet acte ignoble.
Fadhel Abdelkefi, rappelons-le, est un chef d’entreprise qui a pris goût à la politique après avoir occupé, pendant une année, le poste de ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, et qui a préféré abandonner une confortable carrière de riche héritier pour s’engager dans cette foire d’empoigne qu’est la politique dans un pays en transition démocratique.
En voulant aujourd’hui participer à la marche populaire organisée par des formations de gauche pour exiger la vérité sur les assassinats politiques survenus dans le pays depuis l’accession des islamistes au pouvoir en 2012, il voulait ainsi marquer son appartenance à la grande famille des démocrates progressistes et, accessoirement aussi, prendre ses distances vis-à-vis des dirigeants d’Ennahdha, le parti qui, au terme de dix ans de pouvoir, a mené la Tunisie au bord de la banqueroute.
Sa démarche était on ne peut plus légitime, mais c’était sans compter avec les idées reçues, les préjugés et les parti-pris qui, en politique, ont la vie dure et peuvent inspirer des positions d’une radicale stupidité.
Ceux qui ont empêché M. Abdelkefi, président d’un parti de tendance libérale, de participer à la manifestation d’aujourd’hui croient ainsi honorer la mémoire des Lotfi Naghd, Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi et tous les martyrs de la nation, Mais par cet acte stupide, qui trahit leur étroitesse d’esprit et leur dogmatisme idéologique, ils se sont enfermés eux-mêmes dans une logique sectaire, qui divise au lieu de rassembler, qui soustrait au lieu d’additionner et qui exclue au lieu d’intégrer. Une logique suicidaire, en somme.
Ce genre de réflexe, digne d’un troupeau ou d’une meute, confirme le drame de ce pays qui, depuis la révolution du 14 janvier 2011, ne parvient pas à recoller ses morceaux et à retrouver son unité perdue.
Imed Bahri
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