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Le nouvel ambassadeur du FMI en Tunisie, qui est-il?

Marc Gérard.

La Tunisie, qui fait face à l’une des plus graves crises financières de son histoire, sollicite un nouvel accord de prêt avec le Fonds monétaire international (FMI) et doit, préalablement à toute négociation, présenter un programme de réformes structurelles qu’elle s’engage fermement à respecter. C’est dans ce contexte que le FMI vient de nommer un nouveau représentant à Tunis, Marc Gérard.

Par Moktar Lamari *

Marc Gérard est le nouveau représentant du FMI à Tunis. Un Français remplace un Français! M. Gérard est titulaire d’un doctorat en économie obtenu en France (Nantes). Le titre de la thèse est «Economic catching-up and monetary integration of Central and Eastern European countries.»

Il a obtenu sa thèse, exactement le même mois et même année de la Révolte du Jasmin en Tunisie. Depuis et durant les 10 ans, il a été fonctionnaire au ministère des Finances en France, au terme de quoi il rejoint le FMI, notamment à Madagascar, un pays qui a connu aussi une crise économique et politique sévère.

M. Gérard n’a pas fait de recherche posdoctorale, sans publication scientifique notable, il est le profil-type du fonctionnaire français qui gère et qui respecte la hiérarchie. Et qui se sent chez lui dans les pays francophones.
Missions: conseiller le gouvernement tunisien (et les économistes du sérail) sur les affaires monétaires en Tunisie pendant cette crise sévère qui secoue l’économie et les budgets publics en Tunisie. Il va représenter le FMI en Tunisie et avoir tous les officiels et médias à ses soins.

Dans sa thèse, il a traité des risques spread liés aux crises monétaires et financières (2008-2010).

Il est spécialiste des taux de change des monnaies et cela peut augurer mal… pour le dinar et pas seulement. On le sait, le dinar est déjà dans la ligne de mire …

A lire le résumé de sa thèse, on pourra deviner pourquoi il a été choisi et comment il a mérité le poste de Tunis…

Devons-nous comprendre qu’il va tenter de remettre l’économie (macroéconomie) au coeur des défis à relever pour faire sortir la Tunisie de sa crise structurelle et multidimensionnelle ?

Il va sans dire que sa mission à Tunis est complexe, pour ne pas dire périlleuse dans le contexte. On s’attend à un représentant plus dynamique que son prédécesseur, quelqu’un qui communique et qui ne reproduit pas le discours langue de bois… La Tunisie n’est pas Madagascar, n’est pas la Côte d’Ivoire ou le Mali. Bourguiba a depuis 1958 décidé de sortir de la Zone franc, tout un signal fort pour l’indépendance de la Tunisie, de la France.

Aussi, la Tunisie a voté l’indépendance de la Banque centrale du gouvernement, et on ne souhaite pas voir la BCT au service du FMI.

On s’attend à davantage d’innovation, d’audace et de réalisme… pour notamment sortir des sentiers battus… 

* Universitaire au Canada.

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