A l’annonce de la nouvelle dégradation de la notation souveraine de la Tunisie par l’agence de Fitch de B- à CCC avec perspectives négatives, l’ancien gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) n’a pas voulu répondre aux questions des journalistes à ce sujet. Il a juste rappelé le post qu’il avait publié, neuf mois auparavant, à l’occasion de la précédente dégradation de cette notation de B à B–. Pour rappeler l’époque révolue où notre pays faisait figure de leader africain dans ce domaine. Et pour interpeller les responsables de ce gâchis : les autorités qui ne montrent aucune réactivité au malheur de la Tunisie et de son peuple.**
Par Taoufik Baccar *
Mes excuses auprès des journalistes d’avoir refusé de commenter la nouvelle dégradation. En réalité il n’y plus rien à dire à part l’embrasement de la situation et l’accélération du rythme des baisses .
Voilà ce que j’ai posté un certain 10 juillet 2021 à l’occasion de l’ancienne dégradation
«Tristes records, l’agence de notation Fitch Rating vient d’abaisser la note de défaut émetteur à long terme en devises de la Tunisie, de «B» à «B–» avec des perspectives négatives.
A peine quinze ans auparavant et plus exactement en mai 2007, la Tunisie fêtait le passage de sa notation au grade «A –» assortie de perspectives stables chez l’agence de notation japonaise R&I, confortant ainsi le mouvement continuellement ascendant de cette note depuis l’accès du pays, pour la première fois à une notation souveraine -tenez-vous bien- en 1994, et ce, malgré le fait que ces agences avaient pris l’habitude de nous reprocher les faibles progrès sur le plan de l’ouverture politique ainsi que la centralisation des pouvoirs.
Beaucoup de gens ont nourri des vœux en 2011 que la transition politique mène à une amélioration conséquente de la notation de la Tunisie et à une meilleure perception à l’étranger. Il n’en fut rien hélas, car bien au contraire la notation n’a fait que se dégrader et la perception de la Tunisie n’a cessé de se détériorer dix années durant, sans aucune réaction conséquente de la part des autorités, sinon cette grande erreur stratégique commise en éliminant l’agence Standard & Poor’s. la plus prestigieuse des agences de notation, de la liste des maisons qui notent notre pays oubliant que cette agence garde le droit de procéder de sa propre initiative à des «notations sauvages» et donnant dans la foulée un signal fort au marché et aux observateurs, de manque de transparence et d’audace pour affronter les problèmes réels du pays à travers un programme de réformes à la mesure des défis.
La Tunisie a ainsi perdu en une décennie, sept à huit grades, selon les agences de notation !
Au niveau de notre classement au niveau des rapports et des forums internationaux qui reflètent la perception de notre pays à l’étranger, nous avons même enregistré de tristes records. Ainsi le classement de la Tunisie par le Forum de Davos est passé entre 2010 et 2015 de la 32e à 92e place, soit une dégradation de soixante (60) places, la baisse la plus sévère jamais enregistrée depuis la publication du rapport de Davos au cours de la deuxième moitié des années soixante-dix. Une contreperformance digne du livre de Guinness.
Nous avons à maintes reprises proposé dans les publications du Centre international Hédi Nouira de prospective et d’études pour le développement (Ciped) et notre livre «Le miroir et l’horizon : Rêver la Tunisie», une stratégie assortie d’une démarche concrète pour reconquérir une note digne d’une Tunisie qui a toujours fait figure de leader africain dans ce domaine. Malheureusement, les autorités n’ont montré aucune réactivité au malheur de la Tunisie et de son peuple.»
** Le titre est de la rédaction.
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