La Tunisie s’est imposée face au Mali (1-0) hier, vendredi 25 mars 2022, à Bamako, en match aller des barrages du Qatar 2022. Sa prestation était quasiment irréprochable et elle lui permet en toute légitimité de croire en des chances entières d’être parmi les 32 équipes qui seront présentes à l’ouverture du Mondial 2022, au Qatar, le 21 novembre prochain. Nous sommes reconnaissants à la Watania 1 d’avoir acheté les droits de transmission de cette rencontre. Jusqu’ici, tout est normal, sauf que…
… Transporté par son exultation, le commentateur de la Watania 1 n’a pas pu s’empêcher de lancer «le peuple veut… le peuple veut le retour au Mondial !». Or, «le peuple veut», comme on sait, est le slogan de campagne du président Kaïs Saïed, et cette façon de l’agiter en commentant un match de football est pour le moins malvenue, et bien entendu contraire à la déontologie journalistique. Mais la Watania 1, qui est en train de renouer avec ses mauvaises habitudes sous la dictature de Ben Ali, aurait pu nous épargner ce genre de sorties ridicules, qui ne fait pas honneur à notre métier.
Je dois admettre que je suis un critique «obsédé» de ce slogan. Je reconnais également que –par déformation professionnelle peut-être maladive– je ne laisse pas passer facilement les choses que j’observe, que je note ou que j’entends, avant de les triturer et de les passer à la moulinette. C’est une manière de pratiquer l’analyse journalistique… Il y en a d’autres, je le sais.
Hier, la Watania 1 a désigné pour la couverture de cet événement footballistique, entre autres, un journaliste-commentateur qui était accompagné d’un consultant. Je ne prétends, d’aucune manière, m’y connaître en matière de journalisme sportif, cependant, pour avoir côtoyé de grands noms dans ce domaine, à l’hebdomadaire ‘Dialogue’, le quotidien ‘Le Renouveau’ et l’agence nationale TAP, je dirais que j’ai appris un «petit bout»…
L’essentiel de mon propos, ici, est que, autant la prestation des Aigles de Carthage était bonne, autant celle du journaliste-commentateur de la Watania 1 laissait à désirer. Hormis le fait que la rencontre se déroulait sur la pelouse du stade du 26-Mars de Bamako, que l’arbitre du match Mali vs Tunisie, l’Ethiopien Bamlak Tessema Weyesa, détient un riche palmarès arbitral, que notre onze national est à la recherche de sa 6e participation au Mondial, notre confrère de la Watania 1 ne nous a pas beaucoup appris. Si… peut-être, quelques statistiques qu’un autre collègue lui a glissées…
Laissons, en dernière analyse, l’évaluation de la prestation de notre cher journaliste-commentateur aux experts.
Pour notre part, ce qui a attiré notre attention et nous a dérangés, c’est cette exclamation de notre confrère de la Watania 1, à 5 ou 6 minutes de la fin de la rencontre, «le peuple veut… le peuple veut le retour au Mondial !» –à laquelle, honnêtement, je ne suis pas arrivé à trouver d’explication, de justification.
Quelle idée de sortir pareille formule ! Quelle idée de sortir pareil slogan ! Comment peut-on se laisser emporter au point de révéler son «identité politique» ?
Trouvez-moi une autre définition à ce bout de phrase «le peuple veut», dans le contexte politique actuel que vit la Tunisie. Personne ne peut contester le fait que ces trois mots –article défini + nom commun + verbe au présent de l’indicatif– se rattachent intimement à un prénom et à un nom : Kaïs Saïed.
Personne ne m’enlèvera ça de la tête.
C’est peut-être de l’ant-saïedisme primaire de ma part –j’en conviens–, mais je sais reconnaître un lèche-botte à cent mètres à la ronde.
Moncef Dhambri
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