L’ancien ministre Mohamed Abbou a publié hier, samedi 23 avril 2022, un post Facebook très hostile au président de la république Kais Saied où il appelle carrément les responsables de l’armée et de la police à le rappeler à l’ordre en refusant d’appliquer ses instructions. Si ce n’est pas là un appel à la désobéissance voire à un coup d’Etat militaire, cela lui ressemble beaucoup.
Tout en appelant les forces politiques à œuvrer ensemble pour sauver la Tunisie de la dérive autoritaire en cours, l’ancien président démissionnaire du Courant démocrate (Attayar) a notamment écrit : «Il n’y a plus d’espoir que dans les responsables de l’armée pour l’avertir (le président Sied, Ndlr) et le faire revenir à la légalité, et ce en refusant d’appliquer ses instructions».
«Les dirigeants de l’Armée, de la Sûreté et de la Garde nationale sont appelés à abandonner une mauvaise culture qui a été implantée par l’État tyrannique et a fait travailler ceux qui les ont précédés pour plaire à Ben Ali et à sa famille plus qu’à accomplir leur mission au service du pays. Une culture que le régime de la révolution a, malheureusement, pérennisée et qui a également été consacrée par de nombreux dirigeants qui se sont liés à des partis au pouvoir au détriment de l’intérêt et de la sécurité de l’État et de sa stabilité et au détriment de sa dignité et de la dignité des citoyens, et ce pour préserver leurs propres intérêts, maintenir leurs positions ou accéder à des postes plus élevés. Il est temps de rompre avec cette culture», a écrit Mohamed Abbou dans ce qui ressemble à une incitation de l’armée et de la police à la désobéissance civile voire à mener un coup d’Etat contre un président élu, mais que l’ancien ministre affuble de toutes les tares.
«Comment quelqu’un qui est prêt à prendre les armes contre un ennemi extérieur et à sacrifier sa vie pour affronter des terroristes dans les montagnes peut-il être faible face à une personne qui n’a plus aucun statut légal pour donner des instructions, et qui, pour gouverner et en l’absence de toute légitimité, ne s’appuie plus que sur l’armée, la sécurité et les armes, tout en s’appuyant momentanément sur l’ignorance et la haine qui animent une partie des citoyens, lesquels ne tarderont pas à l’abandonner ?», écrit Mohamed Abbou qui prévoit une sorte de tsunami social qui emportera bientôt le président Saied.
En effet, avertit-il, «il peut y avoir bientôt des mouvements sociaux et il ne descendra pas lui-même pour les réprimer, mais, pour rester au pouvoir, sacrifiera son peuple, civils, policiers et militaires, faisant de l’un une victime et de l’autre un accusé poursuivi en justice, instaurant ainsi un climat de haine qui est censée avoir pris fin avec la chute du régime tyrannique en 2011.»
«Pour ceux qui, après le décret relatif la commission électorale, hésitent encore, il ne fait plus aucun doute que Kais Saied ne reculera pas tout seul avant de détruire le pays. Il s’avère qu’il est dans une situation qui ne lui permet pas d’évaluer les risques, et il n’y a d’autre espoir que les chefs de l’armée et de la sécurité pour l’avertir de la nécessité de revenir à la légalité sous peine de voir ses instructions non appliquées», conclue M. Abbou dans un évident appel à un coup d’Etat militaire.
I. B.
Donnez votre avis