Tunisie : Kaïs Saïed peut-il faire l’économie d’un «dialogue inclusif» ?

Les partenaires internationaux de la Tunisie, Etats-Unis, Union européenne et France en tête, ne cessent d’exhorter le président Kaïs Saïed à ouvrir un «dialogue inclusif» sur les réformes qu’il se propose de mettre en œuvre et d’y faire participer les partis politiques et la société civile dans leur diversité et sans exclusion. Mais seront-ils entendus par le locataire du palais de Carthage, qui continue de ne s’écouter que lui-même ? (Illustration: Saïed vote au référendum constitutionnel du 25 juillet).

Par Imed Bahri

Commentant le communiqué de la présidence de la république française à propos de l’entretien téléphonique entre Emmanuel Macron et Kaïs Saïed, le 9 août 2022, Elyes Kasri a souligné les sous-entendus politiques des propos du président français.

Une démocratie, ouverte et inclusive

En rappelant «la nécessité, dans le respect de la souveraineté de la Tunisie, de parachever la réforme des institutions en cours dans le cadre d’un dialogue inclusif», le président Macron a appelé, à demi-mot, à «un changement dans la conception et la mise en œuvre des réformes politiques voulues par le président Kaïs Saïed», estime l’ancien ambassadeur de Tunisie au Japon et en Allemagne.

Ces exhortations des principaux partenaires étrangers de la Tunisie, qui «se font de plus en plus solennelles et pressantes», ont également été exprimées par le secrétaire à la Défense américain, Lloyd Austin, qui déclarait le même jour devant le commandement militaire des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom): «On peut voir des vents contraires en Tunisie, où les gens ont inspiré le monde avec leur demandes de démocratie. Aujourd’hui, le rêve d’auto-détermination de la Tunisie est de nouveau en danger. Mais les Etats-Unis se tiennent engagés et soutiennent nos amis en Tunisie et partout en Afrique où l’on tente de forger une démocratie, ouverte et inclusive».

L’année 2023 s’annonce cruciale

Le langage diplomatique, policé et courtois, ne doit pas nous tromper car l’insistance de nos partenaires est claires sur la nécessité de suivre une démarche moins unilatérale et plus participative dans la mise en œuvre des nouvelles institutions que celle suivie jusque-là par le président Saïed, afin que ces institutions soient crédibles, légitimes et durables aux yeux de la scène politique dans son ensemble et sa diversité.    D’où la conclusion du diplomate sous forme d’avertissement : «Faute d’une plus grande ouverture aux partis politiques et à la société civile, la légitimité internationale des prochaines élections législatives (prévues pour le 17 décembre prochain, Ndlr) et le style de gouvernement du président Kaïs Saïed risquent d’être sérieusement mis en question. L’année 2023 s’annonce cruciale économiquement, politiquement et diplomatiquement pour la Tunisie.»

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