Une affaire criminelle hors du commun a rebondi et fait actuellement scandale au Mexique. En septembre 2014 plus de quarante étudiants, la plupart d’origine indienne, disparaissaient à Iguala dans l’Etat du Guerrero, sans laisser de traces.
Par Dr Mounir Hanablia *
Ce livre, écrit par une journaliste d’investigation mexicaine réfugiée aux Etats Unis, relate les détails d’une affaire qui avait débuté par le détournement de plusieurs bus par des étudiants d’une école d’instituteurs qui désiraient se rendre à Mexico la capitale pour participer à des manifestations syndicales.
Contrairement à son habitude, la police avait cette fois décidé de les arrêter en établissant des barrages sur l’autoroute ainsi que dans la ville elle-même. Les bus furent donc pris dans une fusillade nourrie pendant plusieurs heures dans la nuit et le lendemain ils avaient disparu avec leurs passagers, et même les douilles des cartouches utilisées avaient été ramassées.
Des caméras de surveillance hors service
Au Mexique il existe trois polices, la municipale, celle de l’Etat, et la fédérale. Comme le maire de la ville appartenait à un parti d’opposition, et que son beau-frère était un membre présumé d’un cartel de la drogue, le pouvoir central eut beau jeu de l’incriminer et de lui attribuer la responsabilité des événements. Et il fut dès lors inculpé par le procureur général.
Cependant il est apparu que ces accusations n’étaient pas fondées lorsque de courtes séquences vidéo ont montré quelques-uns des étudiants emmenés menottés sur des pick-up appartenant à la police d’Etat vers une destination inconnue.
Le plus troublant est que les services de renseignement de la marine avaient la responsabilité de la surveillance des caméras vidéo en service dans la ville. Sommés de les remettre, ils ont prétendu que les caméras n’étaient pas en service cette nuit-là.
Plus encore, il est apparu que des unités de la marine n’étaient pas dans leurs casernes lors des faits, et qu’ils étaient partis en manœuvre.
Des années de mystère
Une théorie a attribué la responsabilité à des trafiquants de la drogue qui utilisaient les bus détournés par les étudiants pour transporter la marchandise et qui voulaient supprimer les témoins gênants.
Après des années de mystère, le gouvernement mexicain a reconnu, il y a quelques jours, sous la pression des familles, que l’armée ainsi que les organes de sécurité avaient bel et bien été impliqués dans la disparition des étudiants et sans doute leur assassinat.
Seuls les restes de trois parmi eux ont été découverts et le sort de tous les autres demeure inconnu. Le mystère reste donc total, notamment sur les mobiles d’un tel crime d’Etat.
* Médecin de libre pratique.
‘‘Massacre in Mexico: The True Story Behind the Missing Forty Three Students’’, de Anabel Hernandez, editions Verso, 14 juillet 2020, 448 pages.
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