Les massacres, les destructions et l’es crimes de guerre perpétrés par le gouvernement israélien d’extrême droite à Gaza prend l’allure d’un fardeau de plus en plus lourd pour les Etats-Unis, son principal soutien international, et commence à préfigurer des pressions de plus en plus fortes sur Israël pour qu’il renonce à son projet de dépeuplement de Gaza et par la suite de la Cisjordanie dans une réédition des massacres de 1948.
Par Elyes Kasri *
Les Etats-Unis d’Amérique semblent avoir perdu leur soft-power dans le reste du monde à la suite des exactions commises en Afghanistan, en Irak et en Syrie et leur rôle déstabilisateur dans le monde arabe en soutenant les groupes islamistes pensant qu’ils légitimeront indirectement le statut d’Etat juif revendiqué par Israël tout en en faisant occasionnellement un prétexte d’intervention et de repoussoir pour faire de l’islam l’ennemi civilisationnel et de toujours de l’Occident chrétien avec son pendant judéo-sioniste.
Cette contradiction fait des Etats-Unis et de leur allié israélien en même temps l’ennemi de façade des groupes armés islamistes les plus sanguinaires en Syrie et l’ennemi implacable du régime syrien qui a pourtant toujours été l’ennemi de ces groupes terroristes islamistes.
Ces contradictions ont brouillé l’image et le soft-power des Etats Unis d’Amérique et en ont donné dans de nombreuses régions du monde celle d’une force de déstabilisation et même du mal consacrant progressivement l’image de Satan qui lui a été affublée par la révolution iranienne.
Un malaise moral
Après la retraite dégradante de l’Afghanistan et la défaite programmée et devenue inéluctable en Ukraine, les Etats-Unis d’Amérique sont actuellement menacés d’être traînés devant la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et même contre l’humanité pour leur couverture politique et leur soutien militaire direct aux forces israéliennes dans leur génocide implacable et sadiquement méthodique contre les populations de Gaza.
La récente volte-face du secrétaire d’Etat Antony Blinken invitant Israël à limiter le nombre des victimes civiles à Gaza et à éviter une déportation massive des populations civiles, est une reconnaissance implicite de la nature criminelle des exactions israéliennes et une tentative vaine de se prémunir contre toute accusation de crimes de guerre ou contre l’humanité surtout que le Parti démocrate qui va affronter des élections présidentielles et législatives en novembre 2024 est actuellement secoué par des remous internes et un malaise moral surtout au sein de la frange libérale de ce parti à mesure du nombre croissant des victimes civiles et des images de destruction massive et indiscriminée par les forces israéliennes à Gaza avec ce que certains moyens de presse rapportent comme implication directe américaine dans la planification et les combats.
Les récents sondages annoncent déjà une érosion très sensible de la popularité du candidat présidentiel Biden et un effet corrosif sur les candidats démocrates dans de nombreux États américains.
Clairement, la politique du gouvernement israélien d’extrême droite prend l’allure d’un fardeau de plus en plus lourd pour son principal soutien international et commence à préfigurer des pressions de plus en plus fortes sur Israël pour qu’il renonce à son projet de dépeuplement de Gaza et par la suite de la Cisjordanie dans une réédition des massacres de 1948 et de la politique d’épuration ethnique suivie par l’armée nazie avant et durant la deuxième guerre mondiale et en particulier la répression sanglante en 1943 par des unités SS de la mutinerie du ghetto de Varsovie qui, avec du recul, ressemble à une kermesse en comparaison avec le génocide inégalable dans l’histoire moderne commis à Gaza et su et au vu du monde entier et un silence complice et coupable de la plupart des gouvernements arabes malgré quelques gesticulations creuses et hypocrites notamment récemment à Riyad en Arabie Saoudite à l’occasion du sommet extraordinaire de l’Organisation de coopération islamique (OCI) et de la Ligue des Etats arabes.
Le péché originel des Arabes
Le refus de près de la moitié des membres (9 sur 22) de la Ligue des Etats arabes d’adopter des mesures diplomatiques et économiques contre Israël et ses principaux soutiens internationaux consacre encore une fois l’incapacité et la vacuité de ce «machin» créé en 1945 à l’instigation de l’empire britannique qui a voulu ainsi consacrer sa mainmise sur ces anciennes possessions du défunt empire ottoman.
La Ligue des Etats arabes n’a pas pu jusqu’à présent et n’arrivera probablement jamais à surmonter ce péché originel.
Pour sa part, en plus de sa représentation par son ministre des Affaires étrangères à un sommet des chefs d’Etat, l’abstention de la Tunisie sur la plupart des points (28 sur 31) de la résolution adoptée par le sommet extraordinaire arabo-islamique de Riyad, y compris l’article 28 réitérant le consensus arabo-musulman sur le statut de l’OLP en tant que seul représentant légitime du peuple palestinien, suscite de plus en plus d’interrogations au sujet du positionnement diplomatique de la Tunisie dans son environnement arabo-musulman.
* Ancien ambassadeur.
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