Selon le rapport annuel du Forum tunisiens pour les droits économiques et sociaux (FTDES), l’année 2023 n’a enregistré que 3 432 mouvements sociaux, contre 7 754 en 2022. Cela ne signifie nullement que les revendications sociales ont été satisfaites, mais exprime un profond sentiment de désenchantement. (Illustration : manifestation des journalistes pour défendre la liberté de la presse en Tunisie).
Le gouvernorat de Tunis est arrivé en tête avec un total de 567 mouvements de protestation pour l’année écoulée, suivi par ceux de Gafsa (424) et de Sidi Bouzid (259).
Le taux de protestation mensuel a diminué au cours de la même année, janvier ayant connu 520 mouvements, alors qu’en décembre nous n’en avons observé que 209.
Tout au long de l’année 2023, les citoyens ont protesté à 630 reprises, exprimant des revendications relatives à des violations des droits fondamentaux, à la pénurie des produits de base, à la détérioration des infrastructures, à la dégradation des services de la santé, au manque d’éducation de qualité, et autres.
Comme d’habitude, les revendications des ouvriers, des employés, des professeurs et des enseignants étaient nombreuses tout au long de l’année 2023, ce qui témoigne de la détérioration continue des conditions économiques de ces catégories sociales. La majorité des mouvements enregistrés étaient liés à des revendications légitimes, reconnues par la Constitution, comme le travail décent, le paiement des salaires, et le droit au travail.
Ces protestations se sont étendues aux élèves et aux étudiants, qui ont manifesté à 166 reprises.
Malgré le ralentissement du rythme des protestations en 2023, les mouvements écologistes et environnementaux ont vu leur nombre augmenter (463 mouvements), répartis entre des revendications relatives au droit à l’eau et au droit à un environnement sain, représentant ainsi 13,5% du total des mouvements de protestation enregistrés, en augmentation significative par rapport à 2022 où la proportion des mouvements environnementaux se limitait à 7%.
La plupart des mouvements ont réuni les deux sexes, avec un total de 3029 protestations mixtes, tandis que 41 mouvements ont été dirigés par des femmes.
Le caractère organisé a dominé les manifestations de 2023, parmi lesquelles 2478 étaient encadrées par les syndicats, tandis que le reste a eu lieu spontanément et sans coordination préalable.
La baisse enregistrée du nombre de mouvements au cours de 2023 n’est pas due à la satisfaction des revendications ni à la réponse positives aux demandes des manifestants. Mais à la déception quant à l’utilité des manifestations, due au fait que les revendications sont souvent ignorées, ce qui a créé un état de désespoir collectif et une perte de confiance envers l’autorité.
Malgré ce désespoir généralisé, les acteurs sociaux continuent d’innover pour exprimer leur colère, soit à travers les médias ou les réseaux sociaux, ou en recourant à des moyens extrêmes, comme la violence, que ce soit collective ou individuelle, ou le suicide. C’est ainsi qu’on a enregistré en 2023 147 cas de suicide pour protester, notamment parmi des jeunes.
I. B.
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