Avec son slogan «La paix par la force», Donald Trump pense avoir trouvé la solution miracle aux conflits internationaux. Pourtant, l’histoire récente prouve que l’usage de la force n’a jamais apporté la paix durable. Vietnam, Afghanistan, Irak, Syrie, Libye, Yémen : partout où les États-Unis ont voulu imposer leur volonté par les armes, ils n’ont laissé derrière eux que des pays en ruines, livrés au chaos et à l’instabilité. (Photo: soldats américains en Afghanistan).
Khémaïs Gharbi
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L’exemple le plus frappant reste l’Afghanistan. Après vingt ans de guerre, des milliers de morts et des centaines de milliards de dollars engloutis, Washington a fini par remettre le pouvoir aux Talibans, ceux-là mêmes qu’il était venu chasser en 2001. Ce fiasco ne s’est pas seulement soldé par un échec militaire; il a aussi dilapidé les ressources du peuple américain, des fonds qui auraient pu être investis dans les infrastructures, l’éducation ou la santé.
Aujourd’hui, Donald Trump revient avec une nouvelle version de cette doctrine agressive, et les premières tensions ne se font pas attendre.
Une diplomatie de la force aux conséquences imprévisibles
Depuis son retour à la Maison-Blanche, Trump multiplie les provocations. Il s’en prend à ses voisins, allant jusqu’à suggérer l’annexion du Canada comme 51ᵉ État des États-Unis. Il a aussi réitéré son intérêt pour le Groenland, menaçant de l’acheter ou de l’occuper de force, au grand dam du Danemark et de l’Union européenne. Cette posture est d’autant plus paradoxale que l’Occident condamne l’occupation russe d’une partie de l’Ukraine.
Sur le dossier ukrainien, Trump tente d’imposer sa propre paix, négociant directement avec Moscou sans même inclure l’Ukraine du moins dans cette première étape. Un véritable abandon de Kiev, alors que le pays, épuisé par trois années de guerre, appelle désespérément à l’aide.
Parallèlement, il bouscule l’Otan, imposant à ses membres d’augmenter leurs dépenses militaires à 5% de leur PIB. Une pression qui pourrait fragiliser l’alliance et remettre en cause son équilibre stratégique.
Enfin, Trump s’attaque au dossier palestinien avec un mépris flagrant du droit international. Il propose ni plus ni moins que la déportation des Palestiniens de Gaza, les forçant à s’exiler dans les pays voisins pour ne plus «déranger» Israël. Pire encore, il fournit à ce dernier un soutien militaire et diplomatique sans précédent, l’encourageant ainsi à refuser tout compromis. Cette approche, qui ignore les racines historiques du conflit, bafoue les droits fondamentaux d’un peuple occupé depuis plus de 75 ans.
Comment contrer une politique erratique sans rompre avec les États-Unis ?
La réponse n’est ni l’affrontement, ni la rupture. Les États-Unis restent une puissance incontournable, un allié stratégique, et un acteur central de la stabilité mondiale. Il serait donc une erreur d’entrer dans une logique d’opposition frontale.
L’enjeu est de ramener Washington à la raison, en lui rappelant que ses propres valeurs – celles qu’elle a défendues et promues à travers le monde – sont incompatibles avec une politique de la force qui viole le droit international.
Unir les pays arabes pour négocier en meilleure position
Face à cette situation, les pays arabes ne peuvent plus se contenter d’être de simples spectateurs. Accepter la «paix par la force», c’est accepter la soumission et l’injustice. Pour peser sur la scène internationale, ils doivent retrouver leur unité et bâtir une stratégie commune, basée sur des principes clairs :
• Un front uni : élaborer un plan de paix crédible, soutenu par tous les pays arabes, pour le présenter comme une alternative réaliste.
• Une diplomatie offensive : convaincre l’Occident, et particulièrement les États-Unis, que la paix ne peut être imposée au détriment du peuple palestinien.
• Un discours structuré : mettre en avant que la stabilité régionale est dans l’intérêt de tous, et qu’aucune solution ne peut être durable si elle repose sur l’injustice.
Le peuple palestinien a prouvé par sa résistance et ses sacrifices qu’il ne renoncera jamais à sa terre. Il ne s’agit pas de demander la paix par faiblesse, mais par réalisme, car la stabilité du Moyen-Orient est une nécessité pour l’équilibre du monde.
Si les pays arabes restent divisés, ils continueront d’être des spectateurs impuissants face aux décisions des grandes puissances. Mais unis, armés d’un projet solide et d’arguments convaincants, ils peuvent inverser le rapport de force et peser véritablement sur la scène internationale.
Le défi est immense, mais une chose est claire : la paix ne s’impose pas par la force. Elle se construit par la justice, le dialogue et le respect du droit international.
* Ecrivain et traducteur.
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