Le mois dernier, 14 personnes LGBTQ+ ont été arrêtées, accusées d’avoir violé l’article 230 du Code pénal, qui criminalise les relations sexuelles consenties entre personnes de même sexe, passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison pour les hommes comme pour les femmes.
Damj, une organisation LGBTQ+ tunisienne, a indiqué dans un communiqué publié le 15 juillet dernier que les arrestations ont eu lieu à Tunis, la capitale tunisienne, et à Djerba, sur une période de deux semaines. «Les arrestations policières de membres de la communauté LGBTQ+ se sont intensifiées», a déclaré l’ONG. «Généralement, les individus sont arrêtés, leurs effets personnels et leurs téléphones sont fouillés, puis ils sont déférés à la justice en vertu de l’article 230 et des articles relatifs aux atteintes aux bonnes mœurs», ajoute Damj, qui a exhorté les membres de la communauté LGBTQ+ à les contacter, à contacter un avocat ou une personne de confiance, à garder le silence jusqu’à l’arrivée d’un avocat et à ne signer aucun document sans l’avoir examiné en personne en cas d’arrestation.
Selon Saif Ayadi, chargé de programme chez Damj, cité par l’AFP, neuf personnes ont été arrêtées à Tunis et Djerba, et six autres avaient déjà été condamnées et purgeaient jusqu’à deux ans de prison.
L’agence française d’information a cité «une chercheuse locale en études de genre, qui a requis l’anonymat» qui a affirmé au Washington Blade, un journal américain spécialisé dans l’actualité gay, «ces arrestations sont généralement aléatoires et ne s’inscrivent dans aucun schéma cohérent ou délibéré.»
La chercheuse a également déclaré que la Tunisie n’était pas un pays sûr pour les personnes LGBTQ+, car le gouvernement tendait à privilégier la répression et la condamnation des identités sexuelles non hétérosexuelles.

Sur un autre plan, l’année dernière, Damj et d’autres organisations LGBTQ tunisiennes ont exhorté Meta, la société mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, à protéger les personnes LGBTQ des actes de cyberharcèlement et de catfishing de la part des forces de l’ordre et d’autres acteurs.
La Coalition Trans Unity Tunisie a déclaré que ce qui arrive à la communauté LGBTQ du pays est désormais une pratique courante et s’inscrit dans une politique de répression systématique, a également rapporté l’AFP.
Ladite Coalition a également dénoncé le cyberharcèlement ayant «atteint des niveaux alarmants, les médias traditionnels jouant un rôle dans les attaques anti-LGBTQ.»
«La surveillance numérique continue et les campagnes de diffamation diffusées dans les médias sans aucune protection, comme si dénoncer les personnes de la communauté LGBTQ était devenu une pratique courante», a-t-elle noté, ajoutant que «l’État ne reconnaît pas les droits de la communauté LGBTQ, mais il la traque et la surveille.»
I. B.
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