Qui l’eût cru ? Le réputé si impulsif Hossam Hassan serait en train de se racheter une conduite. L’ancien avant-centre si combatif de l’équipe d’Egypte et d’Al Ahly du Caire est passé sélectionneur national. Après deux victoires, il a terminé ses matches de groupe par un 0-0 des plus sages à Agadir.
Jean-Guillaume Lozato *

À chaque fois sur un but d’écart, les «Pharaons» ont gagné chaque fois en tremblant. Devant le Zimbabwe, ils ont commencé leur CAN en prenant un but. Pour courir après le score et assurer le service minimum. Victoire 2-1, avec un but pour chacun des deux meilleurs protagonistes, Mohamed Salah et Omar Marmouch.
Le test suivant a été légèrement plus convaincant. Sous la forme d’une victoire sur une courte différence : 1-0 sur un penalty de l’inévitable Mohamed Salah, donc sans but encaissé. Une opération de gestion, en quelque sorte. Ce qui est une nouveauté dans l’agenda de l’équipe égyptienne en question qui, d’ordinaire, oriente ses pensées prioritairement vers une sorte de kick and rush à l’orientale.
Un 3e match instructif
Le dernier match, contre l’Angola, s’est soldé par un 0-0. Un score de parité nul et vierge qui appelle à toutes les interrogations ? Plutôt à des constatations et des suppositions.
En règle générale, un 0-0 enthousiasme peu les foules. Cependant, celui-ci a été instructif même s’il ne restera pas dans les annales en tant que match passionnant. Les «Rouges» ont dominé, sans marquer ni vaincre, mais en forçant une certaine prise en considération puisque l’équipe était en grande partie composée de joueurs habituellement non titulaires.
Cette rencontre contre les Angolais a permis de voir que les Egyptiens ont confirmé le fil conducteur plus tactique que les mois écoulés et années précédentes. Ce qui prouve que l’ensemble de l’effectif a assimilé les directives du sélectionneur, toujours très expressif depuis le banc de touche.
Les joueurs égyptiens dans leur ensemble, à quelques exceptions, ne sont pas exceptionnels. Ils ont néanmoins démontré comme qualité de se présenter comme interchangeables poste pour poste en ce qui concerne la défense, le milieu et les couloirs. L’attaque pure, elle, restant le domaine de trois spécialistes.
Package CAN – Coupe du monde
L’équipe nationale égyptienne aura à gérer un type de dossier particulier pour elle. C’est-à-dire la double responsabilité de bien figurer à la CAN et à la Coupe du Monde. Une sorte de «package» pour lequel leurs supporters placeront bien des espoirs en sachant que Mohamed Salah est une grande vedette internationale, et que Omar Marmouch est en train de s’affirmer. Surtout qu’un autre jeune pousse juste derrière : l’attaquant Mostefa Mohamed. Ce dernier a très largement contribué à souligner l’importance d’un match a priori sans grand enjeu avec un geste acrobatique spectaculaire qui a failli conduire à un but.
Comme nous l’avons vu concernant le troisième match dans son ensemble, le collectif a donné une impression de discipline nouvelle. Il reste un point à analyser. Celui du poste de gardien de but. À cette fonction, Ahmed El-Shenawy a donné satisfaction incontestablement. Placé au repos contre l’Angola, il a laissé sa place à Mostafa Shobeir. Lequel ne s’est pas juste contenté d’être le fils de l’ancien très bon gardien international Ahmed Shobeir. En gratifiant le public de prises de balle impeccables et de parades aussi belles qu’efficaces. Cette excellence rassure pour le long terme. D’autant plus que l’effectif possède un troisième gardien lui aussi prometteur, en la personne du portier de Zamalek Mohamed Sobhi. Le passé nous a enseigné que cela pouvait être déterminant, par exemple avec l’avènement du gardien Sergio Goycoechea, qui était le remplaçant du titulaire argentin Nery Alberto Pumpido au Mondial 90. Un tournoi auquel l’Egypte ne s’était justement pas contenté de faire de la simple figuration.
Une sagesse retrouvée
À l’époque, l’ancien sélectionneur Mahmoud Al-Gohary avait prétendu que sa première force était que ses adversaires ne savaient pas grand-chose de son équipe. Un peu comme le défunt Roi du Maroc SAS Hassan II l’avait affirmé concernant la culture et la diplomatie, à propos de la méconnaissance de l’Occident envers le Monde Arabe.
L’inattendu réside dans cette instabilité, qui était la marque de fabrique du foot égyptien, désormais jugulée par le management d’une personnalité fantasque à la base : Hossam Hassan.
Le coach a eu la sagesse d’appliquer un turn-over qui tranche un peu avec la spontanéité ou l’excès d’enthousiasme qui caractérise ordinairement le football égyptien, marqué par la superficialité ambiante d’un pays au mode de vie excessivement festif en apparence, et à la réputation dans le monde arabo-africain basée davantage sur l’illusion cinématographique que sur des repères plus traditionnels et beaucoup moins prosaïques.
Hossam Hassan semble détenir un pouvoir omniscient. Ayant participé à la Coupe du monde italienne de 1990, il a fait partie de l’équipe nationale plus technique et plus forte que celle des années successives. Il le sait et il s’emploie à colmater des brèches en rendant sa stratégie d’occupation du terrain plus solide.
Hossam Hassan synthétise l’Egypte en général et l’Egypte du football en particulier. Concernant sa patrie, ses propres hésitations lors du Printemps Arabe étaient en corrélation avec l’effervescence de la rue égyptienne si agitée, et si populeuse dans sa version cairote. L’actuel sélectionneur en quête de sagesse pour stabiliser son équipe sans excès de pédagogisme, mais avec un esprit critique réaliste, se pose presque comme un scribe en quête de réflexion à l’ombre des pyramides. Avec son crâne qu’il arbore dorénavant rasé, il a tout du grand prêtre fédérateur. Car l’Egypte est passéiste. Et en football, Hossam Hassan fait partie de la légende nationale.



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