Le limogeage du Pdg de l’Etablissement de la télévision tunisienne (ETT) a surpris beaucoup d’observateurs, mais quand on connait les raisons, on est moins surpris.
Par Yüsra Nemlaghi
Selon notre enquête, Elyes Gharbi a multiplié les erreurs de gestion prenant des décisions incohérentes dont la conséquence a été un échec sur toute la ligne.
Sous sa direction, la télévision nationale a souvent failli à sa mission de service public, dépensant d’énormes sommes d’argent dans la production d’émissions coûteuses sans pour autant réussir à augmenter l’audience des 2 chaînes publiques.
Pour le seul mois de ramadan, qui est la période de la plus haute audience télévisée et, par conséquent, des plus importantes recettes de publicité, la télévision nationale a déboursé la bagatelle de 5 millions de dinars (MDT) pour produire les émissions suivantes : »Eddawama » (17 épisodes pour 2,2 millions de dinars, MDT), « Mahma Sar », la variété animée par Jaafar Guesmi (750.000 dinars), le sit-com « El-Hajjama » (470.000 DT), la série « Jnoun El Kayla », dont le scénario aurait été volé à 2 jeunes artistes, Yassine Ellil et Wissem Tlili (790.000 DT) et l’émission gastronomique « El-Koujina » (90.000 DT).
Ces dépenses auraient pu se justifier si la programmation avait finalement intéressé les téléspectateurs, augmenté l’audience des 2 chaînes publiques, Watania 1 et Watania 2 et accru les recettes publicitaires de l’ETT. Or, il n’en fut rien. Car aucun de ces programmes n’a vraiment été plébiscité par les téléspectateurs, à telle enseigne que le classement d’audience des chaînes de télévision tunisiennes pendant la première semaine de ramadan réalisée par le cabinet Sigma Conseil classe Watania 1 à la 4e place, avec un faible taux de 9,2%, loin derrière Al-Hiwar Ettounsi, Nessma et Attessia.
Autre grief entendu dans les coulisses de l’administration publique, Elyes Gharbi n’a pas su négocier avec la Fédération tunisienne de football (FTF) la transmission en direct de la finale de la Coupe de Tunisie de football, qui, contrairement à la tradition, a été diffusée ce samedi après-midi par la chaîne privée Attessia.
Pour ne rien arranger, Elyes Gharbi a aggravé son cas aux yeux de la présidence du gouvernement en refusant le secrétaire général qui a été nommé à l’ETT pour mettre de l’ordre dans la gestion de cette entreprise publique, qui est financée essentiellement par le contribuable.
C’est là, d’ailleurs, la goutte qui a fait déborder le vase et a précipité la décision de son limogeage.
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