Le Festival de Hammamet a clôturé sa 51e session en beauté, jeudi soir, avec Dhafer Youssef, musicien de renommée mondiale et chantre d’un jazz cosmique.
Par Fawz Ben Ali
Le chef du gouvernement Habib Essid et son épouse, ainsi que Noomane Fehri, ministre des TICs et de l’Economie numérique, étaient présents parmi les spectateurs, venus en grand nombre découvrir, en avant-première nationale, le dernier album de l’artiste ‘‘Birds Requiem’’, enregistré entre la Suède et la Turquie, aboutissement d’une recherche musicale mature et intime, où 11 titres interconnectés marient l’ancestral au contemporain, dans une atypique dimension universelle.
Le chef du gouvernement Habib Essid et son épouse parmi les spectateurs.
La traversé des cœurs
Venus d’un peu partout, les musiciens ayant travaillé sur cet album étaient présents sur la scène du théâtre de plein air de Hammamet : le guitariste Eivind Aarset, le pianiste Kristjan Randalu et le batteur Chander Sardjoe ont si bien escorté la divine voix de Dhafer Youssef, qui, toujours le oud sous le bras, a su créer une atmosphère sidérale voire cosmique. Une indomptable ivresse musicale a traversé les cœurs et le public s’est envolé dans un trip sans atterrissage.
Dhafer Youssef, jazzman au parcours exemplaire et à la musique très originale sinon atypique, n’a cessé de briller sur la scène jazz internationale. Avec 7 albums studio à son actif et des centaines de performances données aux quatre coins du monde, l’artiste est une fierté nationale.
Compositeur, chanteur et oudiste, le musicien a découvert le potentiel de sa voix dès l’âge de 10 ans dans les concours de récitation coranique. Cet héritage familial a marqué dès lors son identité musicale, nourrie de chants liturgiques et de traditions soufies qu’il a su enrichir au fils des années en explorant de nouveaux univers aux influences multiculturelles. De là, le vibrato de sa voix s’est aventuré à résonner dans le jazz et la musique indienne, et ce en y alliant les textes des plus grands poètes et philosophes arabes, comme Abu Nawas, El-Hallaj… Une équation presque surréaliste, en tout cas audacieuse, qui a su transgresser la barrière entre le sacré et le profane.
Une pensée pour Sghaier Ouled Ahmed
Ce nouveau concert, Dhafer Youssef l’a voulu un hymne à la vie, à la liberté et à l’espoir à travers des morceaux qui débordent de vitalité où l’acuité de la prose est soutenue par une voix magique qui gagne en altitude.
L’artiste n’a pas manqué de porter attention à son ami le grand poète national Sghaïer Ouled Ahmed, qui l’avait accompagné sur la scène de Carthage en 2012, et qui, en ce moment, mène un combat contre le cancer.
Un morceau portant les paroles d’Abou Nawas, poète arabe des VIIIe – IXe siècles, a été dédié au poète comme un message d’espoir.
Illustration: Photos Fawz Ben Ali.
Donnez votre avis