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Guerre contre la corruption : Faisons bloc derrière Chahed !

La guerre contre la corruption n’est pas l’apanage du chef du gouvernement. Tous les citoyens doivent être soudés derrière lui et faire face à toute démagogie qui divise.

Par Moncef Kamoun *

«Je voudrais rassurer tous les Tunisiens et leur dire que le gouvernement prend ses responsabilités et conduira une guerre jusqu’au bout contre la corruption, J’appelle tous les Tunisiens à être unis dans ce combat et à être debout pour la Tunisie», a récemment déclaré le chef du gouvernement Youssef Chahed.

La corruption est un poison qui mine le corps social, économique et politique du pays, entrave le développement dans les régions qui en ont le plus besoin et dépouille les citoyens de leurs moyens et de leur avenir. Il suffit, d’ailleurs, de voir le décalage existant entre les potentialités que recèle notre pays et le niveau de développement dérisoire qu’il a atteint après plusieurs décennies pour comprendre que la corruption a atteint, chez nous, des proportions qui menacent gravement le pays et sa sécurité.

Ce mal a toujours existé en Tunisie, mais il s’est amplifié, au cours des dernières années, et créé chez les citoyens un sentiment de frustration et d’impuissance face à un fléau devenu hors contrôle.

Banalisation de la corruption

Il est très courant aujourd’hui d’observer l’enrichissement rapide et démesuré de jeunes fonctionnaires à peine intégrés ou promus dans une fonction qui leur assure une position stratégique dans la hiérarchie administrative.

Ces pratiques devenues courantes, touchent toutes nos institutions sans exception : administration, enseignement, santé, sécurité, justice, etc. Il est devenu de plus en plus difficile d’obtenir, rapidement où facilement, une pièce administrative ou tout simplement l’application normale de la loi, sans mettre la main à la poche. Car, aujourd’hui, presque tous les droits s’achètent et, parfois, aux enchères.

De même, en matière d’attribution des marchés publics et même privés, et sans qu’il soit nécessaire d’entrer dans les détails des procédés utilisés, la corruption continue de sévir à toutes les étapes du processus, du stade de la négociation du marché à celui du paiement.

La corruption est donc devenue un phénomène banal et presque familier : il est en nous et autour de nous.

Les Tunisiens en ont marre ! Une petite bande profite d’avantages inouïs et ce sont souvent les populations les plus vulnérables qui en paient le prix le plus cher.

Face à cette sorte de corruption socialisée, qui envahit toutes les sphères économiques et sociales, démobilise la population, dévalorise le savoir au profit des rentes spéculatives et freine les investissements porteurs de croissance et d’emploi, doit-t-on se contenter des discours soporifiques d’autosatisfaction négative et suicidaire pour le pays et source de névrose collective?

Les formes de corruption

La corruption est de trois types :

* La petite corruption : c’est-à-dire les actes de trafic d’influence et d’abus commis au quotidien, à l’exemple du policier ou de l’agent public qui accepte de prendre de l’argent à un individu en infraction, sachant qu’en le faisant, il ne sera pas inquiété, et que le citoyen paie parce qu’on lui dira que c’est la procédure habituelle.

* La grande corruption : constituée par des actes commis à un haut niveau. Bien entendu, il est beaucoup plus facile d’accorder des privilèges avec l’argent du contribuable qu’avec son propre argent, ainsi l’étatisme multiplie-t-il de façon considérable le pouvoir des riches. Ce type de grande corruption viole les droits humains, empêche le développement durable et alimente l’exclusion sociale.

* La corruption politique : il s’agit de la manipulation des politiques, des institutions et des règles dans l’allocation des ressources et des financements par les décideurs politiques. La collusion entre les entreprises et les politiciens privent les économies nationales de milliards de dinars de recettes qui sont siphonnés au profit de quelques personnes et au détriment du plus grand nombre.

La Tunisie étant un petit pays où tout le monde se connaît, il peut paraître étonnant qu’il faille attendre autant de temps pour déclarer la guerre à toutes formes de corruption.

Les citoyens en ont assez des promesses vaines proférées par des politiciens qui jurent de s’attaquer à la corruption et promettent de changer le système et de briser le cycle de la corruption et des privilèges. Mais ne font strictement rien…

Aujourd’hui nous devons faire bloc

Plus que jamais, nous devons faire bloc autour du chef du gouvernement pour cette vraie guerre contre la corruption sous toutes ses formes, une guerre qui va être longue, difficile, mais on va la gagner en dépassant les divisions et en restant unie et soudée derrière le chef du gouvernement qui fait preuve de grand courage en menant cette politique à haut risque. Il faut surtout faire attention aux divisions et à la démagogie car s’il y a des corrompus il existe forcément des corrupteurs qui rôdent, prêts à saisir la moindre occasion pour souffler sur les braises de la discorde.

Il est de notre devoir, aujourd’hui, de soutenir le gouvernement dans ses efforts parce que la route est encore longue et qu’il y aura certainement d’autres mesures et actions à lancer dans le cadre de la guerre contre la corruption. Face à ce fléau, s’indigner ne suffit plus; c’est la guerre de tous, société civile, média et simple citoyen. La participation citoyenne à la vie politique représente, d’ailleurs, aujourd’hui, une des pistes importantes.

Il faut donner le temps qu’il faut pour réaliser les objectifs et il nous faut définitivement comprendre que cette guerre ne doit pas être du seul ressort du chef du gouvernement. Et pour cause : dans un pays qui souffre de son administration, de ses élus, de ses partis et de ses collectivités locales, la corruption et l’inégalité se nourrissent l’une de l’autre, créant un cercle vicieux entre corruption, distribution inégale du pouvoir dans la société et répartition inégale de la richesse.

La Tunisie est classée 75e pays le plus corrompu au monde. Ce classement est d’autant plus triste que notre pays a perdu près de 40 places après la chute du régime pourri de Ben Ali.

L’heure est donc au rassemblement et à l’union nationale : il faut que nous fassions tous bloc contre ceux qui veulent s’enrichir sur le dos de notre économie.

La bataille est longue et dure car il ne suffit pas d’apporter des corrections techniques aux lois luttant contre la corruption mais d’une profonde réforme qui lutte contre ce déséquilibre croissant du pouvoir et des richesses et la mise en place de mécanismes de régulation transparente véritablement démocratique afin de pouvoir favoriser une saine concurrence et l’émergence de la véritable entreprise lieu permanent des richesses et donc favoriser les flux d’investissements nécessaires pour une croissance créatrice d’emploi, condition pour réduire la pauvreté et le chômage.

C’est avec les armes du droit que nous gagnerons cette guerre.

* M. K. Architecte.

 

 

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