Les vrais institutrices et instituteurs de la Tunisie doivent se désolidariser des propos indécents de leur dirigeant syndical Mastouri Gammoudi.
Par Mohamed Ridha Bouguerra*
Au cours de ces quatre dernières années, nous avons eu droit à des propos les uns plus ahurissants que les autres. Souvenez-vous, à titre simplement d’exemple, de la risible déclaration, d’un ministre de l’Intérieur (Ali Larayedh, Ndlr) qui plus est, au lendemain de l’attaque de l’ambassade américaine en septembre 2012 : «Nous les attendions par devant, ils sont arrivés par derrière». Ou, encore, celle du chef d’un parti (Rached Ghannouchi, Ndlr) pour qui «les salafistes sont porteurs d’une nouvelle culture» – culture dont nous n’avons pas fini de recueillir les fruits blets, gâtés et bien amers ! Et j’en passe et des meilleures !
Affirmations outrancières et indécentes
Mais, l’intervention, vendredi 21 courant, du secrétaire général du syndicat des instituteurs sur les ondes de radio Shems FM vient, de par son indécence, de dépasser, et de loin, toute mesure !
Voici les propos du sieur Mastouri Gammoudi tels que résumés par les médias et où le dirigeant syndicaliste affirme haut et fort que «la loi antiterroriste a été votée sur mesure, pour contrer les revendications des instituteurs et pour réprimer leurs manifestations.»
Mastouri Gammoudi a déclaré que «l’État ne cesse de se justifier en jouant la carte de la lutte contre le terrorisme», soulignant qu’il estime que «l’attentat terroriste de Sousse, qui a coûté la vie à un agent des forces de l’ordre, n’est qu’une mise en scène». «Nous avons manifesté, le lendemain un policier a été tué par un individu portant une kalachnikov, nous nous posons réellement des questions», a-t-il ajouté.
Le membre du syndicat général de l’enseignement de base a affirmé, toujours selon les médias, que «les manifestants ne se plieront pas à l’état d’urgence et continueront à mener leurs actions.»
Si l’on doute de la véracité de ces étranges propos, et il y a de quoi, l’on peut toujours écouter de ses propres oreilles cette déclaration sur le site de Shems FM.
Propos indignes d’un citoyen responsable
Que faudrait-il penser de ces affirmations outrancières et indécentes qui, le moins que l’on puisse dire, ne font honneur ni à l’action syndicale d’une manière générale, ni, plus précisément, à la vénérable et patriotique UGTT? Il est bien légitime, d’ailleurs, d’attendre de la centrale syndicale une dénonciation claire et sans ambiguïté de ce qui est présenté par l’invité de Shems FM comme une mise en cause de l’État dans la mort tragique d’un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions, juste pour ne pas donner suite aux revendications salariales de Mastouri Gammoudi !
Que faudrait-il penser de ces affirmations honteuses et accusations infamantes dans la bouche d’un dirigeant syndicaliste qui ne se contente pas de défier l’État et d’appeler ses adhérents à suivre la même voie que lui, mais, en outre, n’a pas la décence de s’incliner sur la dépouille d’un compatriote tombé au champ d’honneur et lui rendre l’hommage qui lui est dû?
Que faudrait-il penser de ces affirmations et propos indignes d’un citoyen responsable dans un pays à qui est imposée une guerre sans merci où nous risquons si on laissait faire des gens de l’acabit du sieur Mastouri Gammoudi, qu’à Dieu ne plaise, de laisser non seulement notre âme mais aussi et surtout de perdre notre modèle de société et ce qui fait notre spécificité en tant que Tunisien(ne)s et fièr(e)s de l’être !
L’intérêt particulier et l’intérêt général
Que faudrait-il penser des affirmations de cet éducateur censé inculquer à nos jeunes têtes brunes le civisme et l’amour inconditionnel de la patrie mais pour qui l’intérêt particulier prime sur celui général, n’hésitant donc pas, afin de satisfaire les revendications de sa corporation, à faire fi des menaces que court le pays en état d’urgence?
Il faudrait espérer que les vraies institutrices et les vrais instituteurs de ce pays se désolidariseront de ce dirigeant syndicaliste qui les représente si mal et qui salit par ces propos inacceptables toute la profession !
Car quel est l’avenir d’un pays confronté au terrorisme et à la guerre si son élite et les formateurs des générations futures ne se mettent pas au premier rang pour donner l’exemple du civisme, du patriotisme et montrer la voie à suivre pour sauver la patrie en danger?
* Universitaire.
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