C’est en travaillant côte à côte avec des femmes que les hommes peuvent le mieux surmonter leurs préjugés envers elles, apprendre à les connaître et à les respecter.
Par Ahlem Ouerchfani *
Il y a l’amour mais aussi l’amitié, la camaraderie. Le système qui maintient la division des rôles a pour effet de séparer les hommes des femmes et de rendre l’amitié entre eux difficile.
En Tunisie, la première génération pour qui l’amitié entre hommes et femmes a été possible est celle qui a inauguré les campus mixtes des polyvalentes.
Pour les générations précédentes, l’autre sexe restait inconnu à travers l’image du père, du frère ou du cousin, images déformantes parce que trop liées à la réalité familiale.
Le fait que l’homme et la femme aient reçu des éducations distinctes les empêchait ensuite d’avoir des intérêts communs. Et sans intérêts communs, comment peut-il y avoir amitié ?
La difficulté de communication dans le milieu du travail vient largement du fait que les hommes connaissent fort peu les femmes. Bien sûr, ils les désirent, les épousent, mais on peut vivre avec une femme toute une vie sans la connaître; l’inverse aussi vrai, mais à cette différence près que les femmes sont mieux entraînées que les hommes à déceler, chez les autres, les sentiments cachés.
En outre, à cause justement de cette image unique de la femme enfermée dans un rôle sexuel et maternel, les hommes ont souvent du mal à voir les femmes comme de simples camarades de travail.
Ces dernières, au contraire, ont été habituées dès l’enfance à des images d’homme-au-travail, inscrits dans diverses fonctions sociales n’ayant rien à voir avec une activité sexuée.
Un homme peut être comptable, médecin, chauffeur de taxi, et n’être que cela aux yeux d’une femme. Mais aux yeux d’un homme, il y a d’abord un être sexué-désirable ou non désirable-derrière la femme-comptable, la femme-médecin ou celle qui est au volant d’un taxi.
Les femmes aussi remarquent les hommes et peuvent être sensibles à leur charme ou bien les trouver laids. Mais chez elle, cette réaction est plus occasionnelle et plus subtile, et ne vient pas systématiquement obscurcir le jugement qu’elles portent sur les hommes avec qui elles ont une relation strictement professionnelle.
C’est encore l’une des raisons pour lesquelles l’entrée des femmes dans l’univers du travail est si importante : c’est en travaillant côte à côte avec des femmes que les hommes peuvent le mieux surmonter leurs préjugés envers elles, apprendre à les connaître et à les respecter.
* Étudiante-employée.
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