Des informations alarmantes ont circulé sur la santé des animaux et leurs conditions de vie dans le zoo du Belvédère. Rassurez-vous, ils vont bien, mais c’est le civisme des parents qui est à soigner.
Reportage de Yüsra Nemlaghi
Dimanche 24 septembre 2017, une journée estivale ensoleillée, des enfants sont rassemblés devant le parc du zoo du Belvédère, à la lisière du centre-ville de Tunis, excités à l’idée de faire une balade dominicale avec leurs parents et de profiter du beau temps, de la nature et des animaux.
Dès l’entrée du parc, les règles de conduite sont clairement indiquées sur des panneaux : on ne s’approche pas des animaux; on ne les nourrit pas non plus; on ne jette pas de sachets en plastique et les déchets doivent impérativement être mis dans les poubelles placées un peu partout sur le circuit de la visite, presque tous les 4 mètres. Les fameux kakis ne doivent pas être donnés aux animaux, mais cette recommandation, personne ou presque n’en tient compte. Ils sont cependant vendus dans des sachets en papier pour éviter que les sacs en plastique n’échouent dans les cages des animaux qui risquent de les avaler.
Par acquis de conscience, nous nous inquiétons de l’état de santé des animaux et l’on commence par l’ours, présenté comme malade, quasi mourant, dans des photos diffusées sur le net. L’animal nous a paru en pleine forme et on arrive au moment où il s’amuse dans l’eau, provoquant l’hilarité des gamins.
Les autres animaux ne montrent pas, eux non plus, des signes de fatigue et encore moins de maladie. Ils sont certes enfermés dans des cages, mais ces cages sont propres et bien entretenues. Les plus inoffensifs parmi eux, comme les paons, les moutons et les dromadaires, se promènent librement dans le parc.
Les enfants jouent, courent et crient et le parc respire la joie de vivre. Sur les nombreux bancs installés dans les allées, on croise des couples, sagement assis, qui profitent du paysage en dégustant le bonheur des enfants.
En attendant les phoques qui offrent un spectacle à chacune de leur sortie de l’eau…
Deux enfants de 11 et 12 ans nous confient qu’ils viennent ici seuls, au moins une fois par mois, pour s’amuser. Ils se proposent de nous faire la visite et l’on découvre qu’ils connaissent le parc comme leur poche. Omar, qui est entré au collège cette année, aime se promener dans ce parc qu’il trouve beau et accueillant, contrastant avec la tristesse des bâtiments délabrés ou éternellement en construction qui se trouvent dans son quartier.
«Je viens ici respirer un peu d’air et remplir ma tête de jolies images qui me font vivre pendant un mois», dit-il. Il ramasse un papier jeté par terre et va le mettre à la poubelle quelques pas plus loin.
Plus que le manque d’éducation de certains gamins, qui ne respectent pas les consignes de propreté, c’est le manque de civisme des parents qui énerve le plus, car ce sont eux qui laissent leurs enfants livrés à eux mêmes, se mettant même parfois en danger, en sautant les barrières de sécurité, pour être le plus proches des animaux et pouvoir, parfois les toucher, les nourrir ou leur jeter un caillou, quand ils leur tournent le dos, pour attirer leur attention.
Pis encore, certains parents aident leurs enfants à escalader les barrières et à en franchir d’autres, le temps d’une photo, parfois aussi longue qu’une séance de shooting professionnelle. Et ce sont les agents de sécurité qui doivent intervenir à chaque fois pour alerter les parents du danger et leur rappeler les consignes à respecter. Mais leur intervention est souvent mal prise par ces derniers…
Les agents de sécurité sont obligés de ramasser les papiers et les bouteilles jetées par les petits, sous le regard laxiste des parents. On a même vu un monsieur qui, pris par une envie pressante, est allé se soulager au pied d’un arbre, alors que les toilettes, du reste très propres, sont à quelques mètres de là. Une manière de donner l’exemple à ses enfants, qui le regardaient faire, sagement assis sur un banc en face…
A gauche, l’homme qui se soulage dans la nature… Les toilettes étaient à un mètre !
Malgré tout le mal qu’on a pu dire dernièrement sur le parc du Belvédère, la promenade y est plutôt agréable, et pas seulement pour les enfants. On pourrait peut-être reprocher aux visiteurs, enfants comme adultes, de ne pas être très regardants sur la propreté. Mais là, on n’y peut rien, c’est une question de mentalité. Les agents font de leur mieux, cependant, pour ramasser les saletés et rendre au parc son attrait. Et rendre les visites les moins oppressantes possible pour les animaux.
Quant à ceux qui s’apitoient sur le sort du Belvédère, poumon de la capitale, on aimerait les voir mettre la main à la poche ou se retrousser les manches pour contribuer réellement – et non en menant de mauvaises campagnes sur Facebook – pour préserver ce site si cher aux Tunisiens de la convoitise des affairistes qui aimeraient le transformer en une immense affaire immobilière.
Y. N.
Donnez votre avis