Le grand peintre Jalel Ben Abdallah, nous a quittés à l’âge de 96 ans, a annoncé sa famille, jeudi 9 novembre 2017. Il faisait partie de la célèbre Ecole de Tunis.
Par Rachid Barnat
C’est un miniaturiste qui a fait de grands tableaux au propre comme au figuré. En effet, ce passionné de la miniature a osé, avec succès, en reprendre la technique dans des tableaux de plus grande taille. Ce passionné du détail avait aussi une palette très reconnaissable d’entre les peintres tunisiens. Ses couleurs pastel accentuent la douceur émanant de ses tableaux dans lesquels il sublime la femme tunisienne, peinte dans ses costumes traditionnels, dans des intérieurs andalous, se prélassant sinon surprise en train de reproduire les gestes du quotidien, dans des scènes qui ont marqué l’enfance du peintre.
S’il a rendu hommage à la femme, à ses tenues traditionnelles, à son savoir-faire enraciné dans la tradition, aux métiers traditionnels des hommes, il y a un monument qui est devenu sa signature : le Boukornine, cette petite montagne à deux cornes, à Hammam-Lif, au sud de Tunis, souvent présent à l’arrière fond de ses tableaux. Et pour cause : elle fait face à sa maison à Sidi Bou Saïd, juste de l’autre côté du golfe de Tunis.
Maison, faut-il le rappeler, à l’image du peintre, qu’il a faite construire dans un lieu magique, ouverte sur la mer avec un jardin en cascade, ayant pour horizon la mer et le Boukornine.
Ce passionné des maisons andalouses et des palais anciens a glané, dans les vieilles maisons et vieux palais de Tunis et de Sidi Bou, souvent abandonnés, des objets, des meubles, des portes, des fenêtres, des margelles de puits… pour leur redonner une seconde vie dans sa maison, dont il a fait une oeuvre d’art en soi, pour l’esthète qu’il était.
Il est certain que par sa peinture il a popularisé Sidi Bou, le golfe de Tunis et le Boukornine. Puisqu’ils sont omniprésents dans bon nombres de ses tableaux qui ornent les plus belles collections de peinture tunisienne, en Tunisie et à l’étranger.
Mes premières émotions devant un tableau, je les lui dois. En effet, adolescent, je l’ai découvert dans la galerie du Palmarium à Tunis. Je me rappelle rester de longs moments devant ses tableaux que je revenais voir plusieurs fois, souvent les samedis après les cours au collège Sadiki; et ce, jusqu’à la fin de l’exposition.
Regarder ses tableaux avait quelque chose de reposant. Car ses tableaux sont une invite au voyage dans le monde du peintre empreint de douce nostalgie d’une enfance qui est un paradis perdu et toujours retrouvé.
Ses expositions, j’ai appris depuis à les attendre tous les ans, lors de la rentrée artistique, pour venir m’abreuver à la source de mon peintre préféré : Jalel Ben Abdallah, sans jamais vraiment me désaltérer !
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