L’association Shams, défendant les homosexuels, dénonce des propos homophobes de Borhen Bsaïes, qu’elle qualifie de populistes et rétrogrades.
Invité samedi 18 novembre 2017, par Naoufel Ouertani, à l’émission ‘‘Labes’’, sur El-Hiwar Etounsi, l’ex-propagandiste de Ben Ali bombardé chargé des affaires politiques de Nidaa Tounes a déclaré que la Tunisie a mieux à faire que de faire la promotion des homosexuels au prétexte de défendre les libertés individuelles, en déplorant que certains œuvrent pour légaliser le mariage gay (entre hommes ou entre femmes) en Tunisie.
En réaction à ces propos, Me Mounir Baatour, président de Shams, a confié à Kapitalis qu’il est très remonté contre les déclarations de Bsaïes qui, d’une part, sont erronées, et, d’autre part, entravent les efforts des associations défendant les droits de la communauté LGBT en Tunisie.
Me Baatour a indiqué que personne ne fait la promotion de l’homosexualité en Tunisie, ni n’appelle à la légalisation du mariage gay. «Les défenseurs des homosexuels appellent à ne plus persécuter, torturer et emprisonner les Tunisiens sur la base de leur orientation sexuelle et il s’agit là, effectivement, de liberté individuelle et de respect de l’être humain comme stipulé par la déclaration universelle des droits de l’homme», a-t-il expliqué, tout en se disant extrêmement déçu qu’un membre important d’un parti dirigeant puisse tenir un pareil discours.
«Bsaïes est plus rétrograde que les islamistes mêmes, dont certains, à l’instar de Lotfi Zitoun, sont en phase avec notre combat, estimant que les homosexuels ne doivent pas être emprisonnés», a déclaré le président de Shams, en ajoutant que Borhen Bsaïes a tenu un discours populiste, sans se soucier de l’impact qu’il pourrait avoir sur l’opinion publique.
Me Baatour a rappelé que le chargé des affaires politiques de Nidaa Tounes, même du temps où il était un propagandiste de Ben Ali, n’avait pas fait de pareilles déclarations. «Aujourd’hui, il tombe très bas en tenant un discours rétrograde que même les plus extrémistes des islamistes éviteraient de tenir», a ajouté l’avocat.
«Je trouve étonnant qu’un politicien issu des jeunesses communistes parle ainsi. Au lieu de défendre la liberté individuelle, il retourne sa veste et tombe dans le populisme en entravant les efforts des défenseurs des droits de l’homme, comme Shams, qui tente d’alléger la souffrance des homosexuels en Tunisie», a souligné Me Baatour.
Parlant ensuite de Naoufel Ouertani, animateur de l’émission, le président de Shams a estimé que ce dernier a toujours été homophobe et son manque de réaction face aux propos de Bsaïes, qui dénote un manque flagrant de professionnalisme, n’est pas une surprise.
On notera que Borhen Bsaïes a présenté Nidaa Tounes, dans cette même émission, comme un parti centriste conservateur : «Nous sommes plus conservateurs qu’Ennahdha», a-t-il notamment précisé. Faut-il en comprendre que Nidaa Tounes est, aujourd’hui, plus proche de Daêch que le parti de Rached Ghannouchi ?
Au rythme où vont ses reniements et ses retournements de veste, Borhen Bsaïes, qui est poursuivi en justice pour corruption et qui cherche visiblement, aujourd’hui, la protection d’Ennahdha, est prêt à toutes les révisions et à toutes les compromissions. Nous sommes en droit d’en attendre d’autres. Wait and see…
Yüsra Nemlaghi
Donnez votre avis