L’Organisation américaine Freedom House a indiqué que la Tunisie risque de perdre son statut de «pays libre» à cause du comportement autoritaire du président Béji Caid Essebsi.
L’Ong spécialisée dans l’étude de l’étendue de la démocratie dans le monde indique, dans un article, que la Tunisie risque, 7 ans après sa révolution, de perdre son statut de «pays libre» et son score (70/100), obtenu, début 2018, et ce, parce que ses dirigeants politiques, et en particulier le chef de l’Etat, qui a profité du consensus politique pour ralentir les réformes démocratiques et élargir le fossé entre les citoyens et le gouvernement.
Dans un article paru le 5 février courant, sur le site web de Freedom House, deux de ses experts, Dokhi Fassihian et Theo Wilson, ont reproché au régime du président Caïd Essebsi de n’avoir pas respecté à maintes reprises les libertés d’expression, d’association et de réunion, garanties par la Constitution de 2014, et évoqué, dans ce contexte, les nombreuses arrestations de journalistes et d’activistes victimes de brutalité policière qui ont eu lieu récemment.
«Caïd Essebsi a utilisé le budget de l’Etat pour priver le parlement des ressources dont il a besoin pour fonctionner comme un centre indépendant du pouvoir politique. L’année dernière, le budget du seul bureau du président, s’est élevé à 109 millions de dinars (37 millions de dollars), presque quatre fois plus que le budget total du parlement, limité à 29 millions de dinars (10 millions de dollars)», indique l’Ong, ajoutant: «En conséquence, les législateurs manquent de personnel et de bureaux. Ils ne voyagent pas en dehors de la capitale pour consulter les citoyens qu’ils représentent. Et ils influencent rarement les projets de loi que leurs chefs de parti leur demandent de voter».
L’Ong a, par ailleurs, dénoncé la coalition gouvernementale entre le mouvement islamiste Ennahdha et Nidaa Tounes qui se concertent entre eux au parlement et de manière opaque, en excluant les autre partis de leurs négociations secrètes.
Freedom House a appelé les députés et les dirigeants politiques à se montrer plus transparents et à publier leurs sources de financement.
L’organisation a également appelé le parlement tunisien à accélérer la mise en place de la Cour constitutionnelle, qui a pris beaucoup de retard.
E. B. A.
Freedom House 2018 : La Tunisie confirme son statut de pays libre
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