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Aleca : Reprise des négociations sur un fond de réticences tunisiennes

Une nouvelle session de négociations autour de l’Accord de libre-échange complet et approfondi (Aleca) entre la Tunisie et l’Union européenne (UE) a démarré, le 23 avril 2018. Sur un fond de réticences tunisiennes…

Par Imed Bahri

Dans «briefing paper» intitulé «L’Aleca, un instrument clé dans la politique de l’UE», réalisé par l’économiste Jihen Chandoul et publié le 12 mai 2017, l’Observatoire tunisien de l’économie (OTE) a présenté la politique européenne de voisinage (PEV), à savoir la stratégie de l’UE vis-à-vis des pays du sud de la Méditerranée dont la Tunisie, les tenants et aboutissants de l’Aleca, le rôle qu’il est censé jouer dans la stratégie de l’UE et le rapport des forces dans le cadre des négociations en cours entre la Tunisie et l’UE.

Pays limitrophes sans aucune perspective d’adhésion

Les négociations sur l’Aleca ont été lancées officiellement en octobre 2015. Un mois plus tard, en novembre 2015, la Commission européenne (CE) a publié sa nouvelle stratégie concernant la politique européenne vis-à-vis des pays limitrophes à l’Est de l’UE et au Sud de la Méditerranée qui sont appelés «voisins» : c’est la nouvelle politique européenne de voisinage (PEV), rappelle Jihen Chandoul.

«Suite aux révolutions arabes et aux échecs successifs des politiques précédentes à créer une zone de paix et de prospérité dans la région, l’UE avait lancé entre 2011 et 2015 une révision de sa politique européenne envers ses voisins en adoptant une approche consultative. L’Aleca semble jouer un rôle clef dans la nouvelle politique européenne de voisinage mais les pays du sud de la Méditerranée et notamment le Maroc et la Tunisie paraissent réticents à engager ces négociations», ajoute l’économiste, qui s’interroge sur le rôle joue l’Aleca dans la stratégie de l’UE et sa relation avec la politique européenne de voisinage, et, en revenant aux origines de cette politique, étudie plus en détail l’évolution de la stratégie de l’UE vis-à-vis des pays d’Afrique du Nord et le rôle de l’Aleca dans cette stratégie.

L’Aleca a été au centre des discussions de Youssef Chahed cette semaine à Bruxelles. 

Les réticences marocaines et tunisiennes

La PEV vise à définir «un cadre de relations que l’UE entretient avec des pays voisins qui n’ont actuellement aucune perspective d’adhésion» et repose principalement sur le concept d’intégration des normes de l’UE par les voisins (la dimension «approfondi») en engageant des réformes institutionnelles et réglementaires et en libéralisant plusieurs secteurs d’activité (la dimension «complet») en échange d’une potentielle perspective de participation au marché intérieur de l’UE, explique Mme Chandoul.

Instrument clef de la PEV, cette stratégie de l’Aleca «semble porter ses limites dans la région sud-méditerranéenne en raison de l’inadaptation de ces instruments aux pays d’Afrique du Nord qui ne peuvent aspirer à l’adhésion ni à une facilitation des visas en contrepartie», souligne l’économiste. Elle explique : «L’Aleca semble peu attractif pour les pays du sud de la Méditerranée qui font face à des défis économiques et politiques immenses».

Et si les négociations sont en cours avec le Maroc et la Tunisie, les réticences de ces deux pays, qui sont les plus dépendants de l’UE, n’en sont pas moins palpables au vu des potentiels impacts sur leurs économies respectives, d’autant que l’Aleca porte essentiellement sur la libéralisation des secteurs stratégiques clés de l’agriculture et des services, où ces deux pays ne disposent pas d’une réelle compétitivité pouvant justifier une telle libéralisation.

Les réticences de la compagnie aérienne Tunisair vis-à-vis de l’accord de l’Open Sky (ciel ouvert), inscrit dans le cadre de l’Aleca, sont très significatifs à cet égard, car cet accord risque de compliquer davantage la situation financière, déjà très difficile, de cette entreprise, qui pourrait perdre son principal marché avec l’arrivée en masse dans les aéroports tunisiens des compagnies low cost européenne.

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