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Succès pour les « Etoiles de la Palestine » à Carthage

Lundi soir, 6 août 2018, à Carthage avait lieu le concert «Les Etoiles de la Palestine» où Amal Murkus et Ameer Dandan ont chanté leur amour pour leur pays  face à un public qui n’a pas manqué de rappeler la fraternité unissant les peuples tunisien et palestinien.

Par Seif-Eddine Yahia

L’année 2018 a été des plus compliquées pour le peuple palestinien. En plus de la commémoration des 70 ans de la Nakba, l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem et la reconnaissance par ces derniers de la ville trois fois sainte comme capitale d’Israël, la population a aussi subi de nombreuses pertes humaines lors de la «Marche du Retour» (127 morts et plus de 3500 blessés pour rappel). Ça et d’autres choses ont fait de cette année une des plus sombres de l’histoire pour la cause palestinienne. Mais malgré la noirceur du tableau, le peuple palestinien continue à affirmer son droit à l’existence et à l’autodétermination avec courage et dignité.

Le concert des Etoiles de la Palestine intervient dans ce contexte à la fois pour mettre en avant certains des plus grands talents de la Palestine tout en rappelant que des liens forts unissent le peuple tunisien au peuple palestinien.

Deux grandes voix au service d’une cause encore plus grande

Les têtes d’affiche de cette soirée de gala étaient la célèbre chanteuse Amal Murkus et le vainqueur d’Arab Idol Ameer Dandan, qui est très vite devenu un des grands espoirs de la chanson palestinienne.

Pour ce concert, la Palestine avait envoyé une délégation comprenant certains de ses artistes les plus talentueux, puisqu’en plus d’Amal Murkus et d’Ameer Dandan, le public de Carthage a eu droit aux prestations d’un orchestre de talent mêlant musiciens tunisiens et palestiniens sous la direction de Nabil Zammit. A cela s’ajoutaient également les performances de la troupe de danse traditionnelle «Assil» venue directement de Ramallah.

L’entrée du grand orchestre s’est faite, accompagnée par les vers du poème de Mahmoud Darwish «Comment guérir de l’amour de la Tunisie?». Poème rappelant simplement et sobrement le lien historique fort unissant les deux pays.

Deux chœurs (un féminin et un masculin) et un orchestre d’une vingtaine de musiciens dont 8 pour la seule section des violons et violoncelles ainsi qu’un qanoun, un nay et un clavier : c’est la formation proposée par cet orchestre face à une audience où drapeaux palestiniens et keffiehs se comptaient ce soir-là par dizaines.

Amal Murkus en levée de rideau

Amal Murkus porte l’étendard de la musique palestinienne partout dans le monde en mixant des éléments issus du folklore palestinien à des styles musicaux aussi divers que le jazz, la folk ou la pop.

Très grande voix, Amal Murkus est aussi reconnue pour son activisme politique en faveur non seulement de la Palestine, des femmes dans le monde arabe mais aussi des Arabes restés sur leurs terres après 1948.

Amal Murkus (Ph. Festival de Carthage).

Pour ce concert, la chanteuse a puisé dans son répertoire propre et dans le patrimoine musical palestinien interprétant des titres tels que «Ya Ba La La», «Sawt el-maraa» ou «Gharib fi madina baida», titre issu de la bibliographie de Mahmoud Darwish.

Amal Murkus a terminé son tour de chant par une réinterprétation du titre «Hasta Siempre», l’hymne à la mémoire de Che Guevara, rappelant au passage, son engagement politique très marqué à gauche.

Ameer Dandan: une réussite pour sa première venue 

Trois ans après Muhammad Assaf, c’est un autre gagnant d’Arab Idol qui est monté sur la scène du Festival de Carthage pour la première fois de sa carrière. Son arrivée sur scène a permis au public déjà galvanisé par la prestation de Mme Murkus de passer un cap supplémentaire en termes d’ambiance.

Ameer Dandan (Ph. Festival de Carthage).

Le chanteur à la voix d’or a repris certains de ses titres les plus connus comme «Sakker kalamek» ou «Ya batal», hymne à la Palestine dont le clip avait d’ailleurs été tourné dans les rues de Jérusalem-Est. Le chanteur n’a par ailleurs pas omis de mettre en avant certaines chansons tirées du folklore palestinien comme «Ween a Ramallah».

Le show de M. Dandan s’est terminé par une reprise du classique «Yak dillali» du chanteur populaire tunisien Hédi Habbouba. Une réinterprétation qui a littéralement embrasé le théâtre antique de Carthage.

Dabké sur scène et dans le public

Présents lors de deux tableaux différents à la fois pour Amal Murkus et pour Ameer, les danseurs de la troupe «Assil»  ont participé à l’élévation du niveau d’ambiance par des prestations alliant Dabké traditionnelle et figures acrobatique.

La troupe Assil en pleine action.

L’ambiance lors de cette soirée était au partage et à la fraternité, et lors de la prestation d’Amer Dandan, la Dabké se dansait non seulement sur scène grâce à la troupe, mais aussi dans les tribunes du théâtre. Lors des dernières chansons, trois des danseurs de la compagnie ont d’ailleurs rejoint les danseurs les plus chevronnés du public pour une session de Dabké incroyable et totalement improvisée.

La dernière chanson, «Yak dillali» a été le prétexte à une explosion finale de joie et de ferveur, explosion au cours de laquelle les drapeaux palestiniens flottaient un peu partout dans le ciel de Carthage.

Le spectacle proposé par l’orchestre, la troupe et les interprètes a été, ce soir-là d’une très grande qualité. Les talents vocaux d’Amal Murkus et d’Ameer Dandan, la virtuosité des musiciens de l’orchestre et le talent de la troupe se sont conjugués pour offrir un show unique,  mais ce que l’on peut aussi retenir de cette soirée, c’est incontestablement l’amitié indéfectible qui lie les deux peuples.

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