La manœuvre de Béji Caïd Essebsi relative à l’égalité successorale continue d’agacer les dirigeants du parti islamiste Ennahdha, et notamment leur chef, Rached Ghannouchi, qui évite de se prononcer clairement sur cette question.
C’est qu’explique Chedly Mamoghli, juriste et éditorialiste, dans son poste Facebook que nous reproduisons ci-dessous…
«Incontestablement, le manœuvrier Béji Caïd Essebsi (BCE) mène le jeu. Je viens d’achever la lecture de la réponse de Rached Ghannouchi à BCE concernant son discours du 13 août. Cette réponse sous forme d’un article publié sur la page facebook d’Ennahdha s’apparente plus à une logorrhée verbale. Prolixe, le chef historique des islamistes tunisiens a parlé de tout, mais il a juste oublié de parler du plat du jour, la question de l’égalité successorale.
«Apparemment, la manœuvre béjiste a provoqué une diarrhée verbale chez Rached. Dans son texte long comme le bras, il ne se prononce pas. Il ne fait pas de choix. Il ne tranche pas. Il fuit la question. Il a renvoyé la question de l’égalité successorale aux calendes grecques. Quand la question sera débattue au Parlement, Ennahdha se prononcera. Pour le moment, motus et bouche cousue.
«À vrai dire, la question dérange et agace Ghannouchi. Se prononcer pour revient à se mettre à dos les bases d’Ennahdha qui refusent catégoriquement l’égalité successorale. Se prononcer contre revient à renoncer à l’aggiornamento idéologique que les islamistes prétendent avoir effectué et leur fera perdre toute crédibilité auprès de l’Occident qui sera définitivement sceptique quant à une éventuelle métamorphose du parti islamiste et à cette idée «d’islamisme modéré».
«Egalement, Ghannouchi joue gros au sein d’Ennahdha. Prendre position sur cette question portera préjudice à l’harmonie interne du parti. Il portera atteinte à l’unité de son parti. Déjà, les deux clans du parti, à savoir celui inféodé à Ghannouchi (comptant entre autres son gendre et le très fidèle Lotfi Zitoun) et celui des réfractaires au leadership de Ghannouchi (comptant entre autres Mohamed Ben Salem et Abdellatif Mekki) se livrent une guerre froide. Abdelkerim Harouni, le président du Conseil de la Choura – l’instance la plus importante du parti – et qui joue au sage n’appartenant à aucun clan est ouvertement contre l’égalité successorale.
«Par conséquent, trancher sur la question de l’égalité successorale reviendrait inéluctablement à s’offrir un destin à la Nidaa Tounès et à quelques mois d’une année électorale décisive. Rached Ghannouchi préfère fuir la question mais cette fuite en avant ne pourra se poursuivre éternellement. Il sera acculé à se prononcer et laissera des plumes.»
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