L’Otic pointe les défaillances du système d’assurance maladie en Tunisie

Les principales défaillances du système d’assurance maladie en Tunisie, telles que pointées de doigt par l’Organisation tunisienne pour informer le consommateur (Otic) sont La longueur des délais de remboursement des frais de santé et leur coût élevé, le plafond annuel de remboursement inadapté et le manque de transparence dans la tarification des services de santé.

Dans un communiqué publié lundi 22 septembre 2025, l’Otic affirme que ces défaillances alourdissent les charges financières des assurés sociaux, «poussant certains à reporter leur traitement ou à recourir au paiement échelonné et à l’endettement, et entraînant, par conséquent, une érosion de leur pouvoir d’achat».

Les consommateurs supportent directement entre 38 % et 40 % des dépenses de santé, alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser 25 %, rappelle l’Otic, ajoutant, également, que le salaire minimum garanti dans l’industrie ne dépasse pas 566 512 dinars par mois, ce qui rend le plafond de la couverture santé insuffisant et injuste, étant donné l’augmentation constante des coûts des traitements.

Pour faire face à cette situation, l’organisation appelle à une réforme urgente pour équilibrer la contribution de la sécurité sociale et le coût des traitements.

Concernant le retard «injustifié» dans le remboursement des frais par la sécurité sociale malgré la contribution préalable des salariés au financement de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), l’Otic note que ces délais dépassent dans de nombreux cas 5 mois, ce qui constitue un «retard administratif et technique injustifié», portant ainsi, «atteinte au principe d’égalité d’accès aux services de santé»

En effet, le nombre de demandes de remboursement déposées dans les centres régionaux et locaux est estimé à 3 millions par an, (dont plus de 1 million concernant des personnes atteintes de maladies graves et chroniques), alors que les décisions de prise en charge sont de l’ordre de 1,5 million, précise l’organisation, faisant remarquer que «ce retard est de nature à aggraver l’état de santé» du malade.

L’Otic relève, en outre, que Le plafond fixé pour la couverture santé ne suit pas l’évolution des prix des médicaments et des services médicaux, ce qui oblige les affiliés à supporter des charges supplémentaires après seulement quelques mois, outre le non-respect de l’obligation de se conformer à la prescription médicale ce qui est de nature à priver le bénéficiaire de la sécurité sociale de son droit de choisir, et à servir exclusivement les intérêts des laboratoires internationaux.

S’agissant du manque de transparence dans la tarification des services de santé, l’ONG affirme qu’en dépit de la loi, de nombreux cliniques et cabinets médicaux ne rendent pas public leurs tarifs «exposant ainsi les patients à des factures surprises». Certains de ces opérateurs ne respectent les tarifs des interventions médicales figurant dans les listes de la caisse.

Le 32e rapport annuel de la Cour des comptes a révélé de nombreux abus, notamment l’application de marges bénéficiaires excessives sur certains produits médicaux, atteignant parfois 300 %, souligne encore l’Otic. Les prix de certains médicaments pratiqués par certaines cliniques ont également été augmentés grâce à l’application de marges bénéficiaires illégales allant de 26 % à 160 % au lieu des 10 % prévus dans le cahier des charges, ajoute l’organisation de défense des consommateurs. Pour elle, cette situation constitue une «violation flagrante du droit constitutionnel à la santé prévu par l’article 38 de la Constitution de la République tunisienne». D’où la nécessité de protéger ce droit, de procéder à une réforme urgente du système de sécurité sociale, de réviser la liste des maladies graves et chroniques et d’accélérer la généralisation de la carte électronique Labess.

L’Otic demande, également, à ce que des délais maximaux de 15 jours soient fixés pour le traitement et le paiement des demandes de remboursement, à réviser périodiquement le plafond annuel, de manière à l’adapter au salaire minimum, au pouvoir d’achat et aux indices de l’inflation.

D’après Tap.

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