Le mouvement islamiste Ennahdha a démenti aujourd’hui, mardi 25 septembre 2018, avoir demandé de rompre le consensus le liant au président de la République, Béji Caïd Essebsi, comme annoncé par ce dernier, hier soir, dans un entretien en direct avec la chaîne privée El- Hiwar Ettounsi.
Réagissant à cette annonce, Ennahdha a publié ce matin un communiqué pour préciser que la divergence de points de vue, notamment sur la question de la stabilité gouvernementale (comprendre le maintien de Youssef Chahed à la tête du gouvernement) ne signifie pas qu’il «nie la solidité des relations le liant au président de la République».
Dans le même contexte, le porte-parole d’Ennahdha, Imed Khemiri, est intervenu ce matin sur Express FM pour assurer que son parti ne se considère pas en rupture avec Béji Caïd Essebsi, en réaffirmant son attachement au dialogue pour réussir la transition démocratique.
Pourquoi le président de la république a-t-il donc senti le besoin de parler de rupture ? Le fait que ses alliés d’Ennahdha soient attachés au maintien du chef du gouvernement, contre la volonté clairement exprimée par M. Caïd Essebsi, a-t-elle été interprétée par ce dernier comme une prise de distance politique ou même comme un casus belli ?
On peut aussi comprendre que c’est M. Caïd Essebsi qui a besoin de rompre avec ses anciens alliés dans une vaine tentative de se remettre, ainsi qu’à son ancien parti, Nidaa Tounes, dans la posture d’opposition au parti islamiste qui leur a permis de gagner les élections présidentielles et législatives de 2014 ?
C’est cette seconde explication qui semble la plus plausible. Sauf que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts au cours des quatre dernières années et M. Caïd Essebsi et Nidaa Tounes ne peuvent effacer d’un seul trait une si longue lune de miel avec leurs alliés islamistes.
Y. N.
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