La coïncidence est terrible : l’attentat kamikaze d’aujourd’hui, lundi 29 octobre 2018, au centre-ville de Tunis, a eu lieu au moment même où le ministre de l’Intérieur Hichem Fourati était auditionné à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) sur l’affaire de l’appareil secret lié à Ennahdha.
Par Imed Bahri
Coïncidence sans doute, même si beaucoup d’observateurs ont vu un lien entre la récente révélation de l’existence de cet appareil sécuritaire parallèle, par le comité de défense des martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, assassinés en 2013 par des groupes islamistes, et cette brusque montée de la violence terroriste, alors que le dernier attentat survenu dans le pays remonte à… novembre 2015.
Les mauvaises langues pensent que, cet attentat kamikaze, par son curieux timing, pourrait constituer, dans l’esprit de ses auteurs et/ou commanditaires, membres, proches, apparentés ou simplement sympathisants d’Ennahdha, un avertissement aux forces progressistes et laïques que l’on pourrait résumer ainsi : si la pression des enquêtes sur cet appareil secret lié à Ennahdha se poursuit, cela pourrait provoquer une vague de violences terroristes ! Une menace en somme…
On préfère ne pas nous attarder pour le moment cette hypothèse, mais on ne peut pas, non plus, totalement l’écarter, en attendant qu’Ennahdha prouve que ces craintes sont infondées. La condamnation dont il vient de se fendre, quelques heures après l’attentat, est trop vague et soporifique. Il ne suffit pas pour apaiser les craintes et taire les suspicions.
On attend des engagements clairs sur plusieurs sujets. Le parti islamiste devrait, par exemple, s’engager fermement à ne pas tenter de perturber ou de freiner les enquêtes en cours sur l’appareil sécuritaire secret. Il devrait accepter aussi le vote d’une loi interdisant le port du niqab dans les lieux publics. Et c’est la moindre des choses pour prouver sa bonne foi et sa fermeté face à la violence politique.
Une bombe artisanale utilisée dans l’attentat de l’avenue Bourguiba
Affaires Belaïd et Brahmi : Plainte contre Ennahdha auprès du tribunal militaire
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