Tunisie l Kais Saïed veut «passer à la vitesse supérieure»

Lors de son entretien, mercredi 24 décembre 2025, au palais de Carthage, avec la cheffe du gouvernement, Sarra Zaafrani Zenzeri, le président de la République, Kais Saïed, s’en est pris, comme à son habitude, aux «conspirateurs qui continuent de cibler la Tunisie», tout en rendant hommage au peuple tunisien pour sa conscience élevée et la maturité dont il fait preuve, et qui constitue, selon le communiqué du Palais de Carthage, un «rempart inexpugnable» face aux manœuvres des parties ayant choisi la duplicité. 

Latif Belhedi

Depuis son accession à la magistrature suprême en 2019, le locataire du palais a toujours fustigé des «conspirateurs ennemis du peuple» qu’il n’a jamais clairement nommés, laissant entendre qu’il désigne ainsi ses opposants, dont plusieurs dizaines sont incarcérés et poursuivis pour des délits aussi graves que l’atteinte à la sûreté de l’Etat.

Hier, Saïed s’en est pris aussi, pour énième fois, aux responsables de ce même Etat qui ne servent pas loyalement le citoyen, les menaçant d’une «réplique qui ne serait pas un simple discours ou un simple communiqué.» Une réplique qui, a-t-il expliqué, aura nécessairement un impact sur la réalité, afin de concrétiser les objectifs de la révolution en matière d’emploi, de liberté et de dignité nationale.

«Plébiscite populaire» et «gifle historique»

Le chef de l’Etat a souligné, dans ce même contexte, la nécessité de «passer à la vitesse supérieure dans les différents domaines», notamment, après les manifestations 17 décembre dernier organisées en soutien à sa personne et au processus politique qu’il a initié en proclamant l’état d’exception, le 25 juillet 2021, y voyant «un plébiscite populaire», à travers lequel les Tunisiens, toutes franges confondues, ont infligé «une gifle historique» à l’endroit des «conspirateurs ennemis du peuple».

«Passer à la vitesse supérieure», a dit le président, et il était temps, six ans après son accession à la magistrature suprême, mais il reste à savoir dans quel domaine : celui de la relance économique et de l’amélioration du niveau de vie des Tunisiens, ou celui de la lutte contre les conspirateurs et les opposants ?

Selon le communiqué, le président Saïed a promis de répondre aux attentes des citoyens dans le cadre d’une vision globale qui rompt frontalement avec les solutions sectorielles. En rappelant qu’un bon responsable est celui qui fait prévaloir l’intérêt de la patrie sur toute autre considération et qui veille scrupuleusement à la préservation de la souveraineté nationale.

Ce «bon responsable» doit aussi, a-t-il poursuivi, faire preuve d’intégrité et de loyauté, et ne ménager aucun effort pour aplanir les difficultés auxquelles fait face le citoyen. 

La relance se fait attendre

Ce sont là, bien sûr, des orientations politiques et des recommandations un peu trop générales que la cheffe de gouvernement et son équipe sont censées traduire en programmes et en actions concrètes. Mais c’est là, justement, où le bât blesse, car, la situation générale dans le pays ne donne toujours pas l’impression d’évoluer dans le sens de la relance économique, de la création d’emplois, de l’amélioration du niveau de vie des citoyens et du retour de la confiance en l’avenir. Et, face au désespoir et au désarroi ambiants, Mme Zaafrani Zenzeri maintient un silence inquiétant. N’a-t-elle rien à dire et à expliquer aux Tunisiens, en dehors des communiqués soporifiques diffusés après chaque conseil ministériel aux thématiques ennuyeusement vides et redondantes, où l’on parle de visions, de stratégies et de plans, dont la réalisation est souvent renvoyée aux années… 2050.

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