Un ingénieur automobile tunisien travaillant depuis 5 ans à Dubaï sera entendu par un tribunal de la région du Sahel, demain, mercredi 16 janvier 2019, dans une affaire d’homosexualité. Retenu en Tunisie, en attendant son procès, l’homme de 32 ans a perdu son travail.
L’homme que nous surnommerons Khaled, pour préserver son anonymat, a confié à Kapitalis avoir été convoqué par la police après avoir mis un drone en vente en ligne. Lors de son interrogatoire, les enquêteurs ont fouillé son téléphone portable et ont découvert des vidéos intimes de ses rapports avec son petit ami d’origine syrienne et vivant lui aussi aux Emirats arabes unis. Ces vidéos, qui ont été filmées en 2016 à Dubaï, ont suscité l’intérêt des agents, qui ont rapidement oublié l’affaire du drone.
«Ils se sont mis à regarder les vidéos, en m’insultant et en me dénigrant. J’étais devenu une véritable bête de cirque et on m’a annoncé que j’allais être traduit devant la justice pour homosexualité», déplore Khaled, qui a essayé de se défendre, en arguant du fait que les vidéos sont anciennes et qu’elles n’ont même pas été filmées en Tunisie, et qu’il s’agit de données personnelles voire privées… mais en vain.
La procureure de la république, quant à elle, crut devoir lui faire la morale au nom de la religion. «L’homosexualité est un grand haram», lui-dit-elle, en ajoutant que les relations homosexuelles causent des maladies. Outrepassant son rôle, la procureure, elle lui conseilla même de se repentir et de suivre la parole de dieu et les lois de l’islam… Khaled dit avoir acquiescé, dans le but de s’en sortir et d’éviter de se faire écrouer.
L’ingénieur a été provisoirement libéré et devra comparaître demain devant le juge. Entre temps, et étant dans l’obligation de rester à la disposition de la justice, il n’a pu retourner à Dubaï. Et son absence lui a valu d’être licencié par la société automobile qui l’employait. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, il a également été privé du renouvellement de sa carte de séjour.
Khaled n’était pas venu en Tunisie depuis plus de deux ans et demi et ne pensait pas qu’en rentrant pour de simples vacances, sa vie et son destin allaient complètement basculer…
Il sera entendu demain sur la base de l’article 230 du code pénal tunisien, qui criminalise la sodomie et expose celui qui la pratique à une peine de prison allant jusqu’à 3 ans de prison ferme. La justice se basera sur des vidéos datant de près de 3 ans, enregistrées sur son téléphone personnel…
Y. N.
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