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CAN 2019 : Equipe de Tunisie cherche à rattraper le temps perdu

L’équipe de Tunisie championne d’Afrique des nations 2004.

Lorsque la Tunisie abordera ce lundi 24 juin 2019 contre l’Angola, la 32e Coupe d’Afrique des Nations (CAN2019), la 19e de son histoire, en Egypte (21 juin – 19 juillet), son objectif sera de compenser ce qu’elle a manqué depuis son sacre à domicile en 2004.

Par Hassen Mzoughi

Depuis son titre en 2004, l’unique à son palmarès, l’équipe de Tunisie a longtemps fait du surplace sur la scène africaine, sortie des quarts de finale en 2006, 2008, 2012, 2015 et 2017, ainsi que du premier tour en 2013.

Le football tunisien jouit d’une bonne réputation sur le continent… grâce à ses clubs, mais sans justifier ce «prestige» via sa sélection, malgré 19 présences en phase finale depuis 1962, dont 14 consécutives depuis 1994. Sans jamais faire partie des quatre premiers au palmarès : l’Egypte (7 titres sur 9 finales), le Cameroun (5 trophées en 7 finales), le Ghana (4 fois champion continental en 9 finales) et le Nigeria (3 titres en 7 finales). La Côte d’Ivoire et la RD Congo (2 titres chacun) suivent juste derrière ce top 5.

Au total, la Tunisie s’est hissée seulement 4 fois sur le podium en 19 participations (3e en 1962, 2e en 1965 et 1996 et vainqueur en 2004), contre 14 podiums pour le Nigeria, 12 pour l’Egypte, 10 pour le Ghana, 8 pour le Cameroun et la Côte d’Ivoire.

Relire l’histoire dans le bon sens

Les statistiques (têtues) et les événements permettent de mieux «apprécier» la présence tunisienne dans cette épreuve continentale. Les Tunisiens ont fait leur baptême africain lors de la CAN 1962. Et pour leur première participation, ils se retrouvent en demi-finale d’un tournoi qui regroupait seulement 4 équipes. Ils termineront à la 3e place après une défaite contre l’Ethiopie 4-2 (buts de Moncef Cherif et Ammar Merrichko) et une victoire face à l’Ouganda 3-0 (buts de Mohamed Salah Djedidi, Chedly Laouini et Rached Meddeb).

En novembre 1965, la Tunisie accueille la 5e édition, à laquelle participent cinq autres équipes, le Ghana, tenant du titre, le Congo Léopoldville, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et l’Éthiopie. Dans la poule de Tunis, et après une nette victoire devant les Éthiopiens (4-0, buts de Tahar Chaïbi, Mohamed Salah Djedidi, Abdelwahab Lahmar et Mongi Delhoum), les Tunisiens sont tenus en échec par les Sénégalais (0-0). Tunisiens et Sénégalais sont premiers de leur groupe mais la CAF décide par tirage au sort de qualifier d’office les Tunisiens pour la finale qu’ils perdent 3-2 devant le Ghana, le 21 novembre, au stade Chedly Zouiten. Ne supportant pas cette défaite, le secrétaire d’Etat aux Sports à l’époque, Mondher Ben Ammar, décrète le boycott des compétitions africaines. Une décision ô combien saugrenue qui va couper le foot tunisien de son continent et surtout beaucoup retarder l’entrée des clubs tunisiens en coupes africaines.

Une attente de 16 ans !

La Tunisie attendra 16 ans pour renouer avec la CAN, en 1978, à Accra. Elle perd en demi-finale contre le Ghana (1-0) mais les choses vont déraper en match de classement contre le Nigéria. Les joueurs tunisiens quittent le terrain prétextant un but litigieux accordé aux Nigérians. Une décision qui va coûter cher à la Tunisie puisqu’elle sera suspendue pendant deux ans.

Le football tunisien va encore s’éloigner de la scène africaine. Pas de qualifications à la CAN 1980, 1984, 1986, 1988, 1990 et 1992, ni à la Coupe du monde 1982, 1986, 1990 ni 1994. Pourtant que de générations perdues entre temps !

La Tunisie ne purge pas la totalité de sa suspension et se trouve qualifiée d’office pour la CAN 1982, après le forfait de l’Egypte pour un différend politique avec la Libye, pays organisateur. Participation qui se limitera au premier tour. Et 12 ans plus tard la Tunisie abrite la CAN et nouvelle déception avec une nouvelle élimination au premier tour.

Notre pays attendra 31 ans pour disputer sa seconde finale face à l’Afrique du Sud (0-2), sous la conduite de Henry Kaspersczak.

Les Tunisiens devaient affronter, en quart, pour ceux qui ont oublié, la grande équipe du Nigeria, tenant du titre (et 8e de finaliste du Mondial 1994) mais qui s’est retirée en plein tournoi à cause d’un incident diplomatique avec l’Afrique du Sud. Ce tournoi se résume en un match inoubliable de la Tunisie en demi-finale contre la Zambie, gagné 4-2 (doublé de Adel Sellimi, buts de Kaïs Ghodhbane et Zoubeir Baya). Cette CAN confirme tout de même l’arrivée d’une génération de joueurs issus notamment de l’Etoile sportive du Sahel (ESS) de l’Espérance sportive de Tunis (EST) et du Club sportif sfaxien, trois clubs qui «installent» le foot tunisien sur les circuits des compétitions interclubs. Avec à la clé une Coupe d’Afrique des champions en 1994, une Super-coupe africaine et une Coupe afro-asiatique en 1995, et une Coupe de la CAF en 1997 pour l’EST, 1 Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe (1997), 2 Coupes de la CAF (1995, 1999) 2 Super-coupes d’Afrique (1998) pour l’ESS, une coupe de la CAF (1998) pour le CSS…

2004 : un titre puis aucun podium

En 1998, la Tunisie est qualifiée pour la Coupe du monde mais elle est éliminée en quarts de la CAN par une faible équipe du Burkina Faso (1-1 et 8-7 aux tirs aux buts), après un bon premier tour et la première place du groupe B (2 victoires contre la RD Congo 2-1 grâce à 2 buts de Ben Slimane et Zied Tlemçani) et le Togo ( 3-1 , buts de Zied Tlemçani, Mehdi Ben Slimane et Hassen Gabsi) et une défaite contre le Ghana (2-0), soit 7 but marqués et 4 encaissés en 4 matches.

Quatrième en 2000, la Tunisie est sortie au premier tour en 2002 avec 0 but marqué sous la direction de Henri Michel (0-0 face à la Zambie, défaite 1-0 devant l’Egypte et 0-0 face au Sénégal).

La CAN revient pour la 3e fois en Tunisie qui sera la bonne. Restée sur deux finales perdues en 1965 et 1996, la sélection enlève enfin son premier titre avec Roger Lemerre sur le banc. Suivront 4 éditions sans relief : quarts en 2012 (éliminé par le Ghana), 1er tour en 2013, et 2 autres rechutes en quarts en 2015 et 2017, devant respectivement la Guinée équatoriale et le Burkina Faso.

Que fera la génération Giresse ?

L’équipe dirigée par Alain Giresse, retrouvera-t-elle le haut de l’affiche à l’occasion de cette CAN 2019 en Égypte ? Le groupe a belle allure. Il ne compte pas de grandes stars du football mondial, mais il ne manque pas non plus d’arguments techniques, notamment une attaque et un milieu offensif rapide et créatif. Signe de ce renouveau, rendu possible par l’éclosion de joueurs tunisiens nés et formés en Europe, la Tunisie est la seconde sélection africaine, derrière le Sénégal, dans le classement Fifa, devançant la plupart des ténors du continent : Maroc, Egypte, Algérie, Nigéria, Ghana, Zambie, Côte d’Ivoire ou autres Cameroun.

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