Ridha Belhaj, Mohsen Marzouk et Hafedh Caïd Essebsi: la façade du Nidaa se fissure…
Quel processus démocratique Nidaa Tounes est-il encore capable de conduire quand ses dirigeants recourent à la violence physique pour s’expliquer?
Par Mohamed Ridha Bouguerra*
Les membres des soi-disant Ligues de protection de la révolution (LPR), de triste mémoire, ainsi que leurs parrains du parti Ennahdha et autres CPR, doivent jubiler ce dimanche 1er novembre car ce qu’ils n’ont pas réussi eux-mêmes à réaliser par la violence ou par des menées souterraines, certains dirigeants de Nidaa Tounes ont osé le faire, à savoir casser le parti fondé par Béji Caïd Essebsi et espoir de millions de nos compatriotes.
L’estocade finale
Les commanditaires de l’agression de ce dimanche ainsi que leurs complices, fauteurs de troubles et graines de fascistes armés de bâtons, qui ont empêché par la force la tenue de la réunion du bureau exécutif à Hammamet, ont, sans doute, donné l’estocade finale au parti sorti majoritaire des élections du 26 octobre 2014, le parti qui a donné aussi un président démocrate au pays.
Les multiples divisions suivies d’aussi nombreuses qu’inutiles réunions de conciliation n’ont fait jusqu’ici, en réalité, qu’exacerber la guerre des chefs au sein de Nidaa Tounes. Celle-ci vient, en effet, de connaître une tournure dramatique qui augure mal de l’avenir car le fossé entre les deux clans qui s’affrontent ici pour le pouvoir est devenu un gouffre!
Et l’on ne peut qu’être sidéré lorsqu’un ministre appartenant à ce parti commentant à chaud ces graves incidents les minimise et déclare que c’est là quelque chose certes de «regrettable mais non catastrophique» ! Et, il ajoute qu’il ne s’agit là que d’un «accouchement difficile» et conclut son intervention par : «Tous les partis ont connu une situation pareille».
C’est là une conception fort étrange de la vie partisane puisqu’elle tolère la violence et les actions fascisantes, voire fascistes, comme mode de direction et de travail dans une formation politique censée diriger démocratiquement le pays !
Selon cet aberrant point de vue il n’y aurait rien de condamnable à ce que les coups de main et violences se substituent aux élections pour arriver à la tête d’un parti et prétendre le conduire de succès en succès !
Une bouée de sauvetage crevée
Or, qui, aujourd’hui, dans la perspective des scrutins nationaux à venir, est encore assez naïf pour miser un sou vaillant sur un parti où la saine émulation entre les dirigeants est remplacée par de délictueuses manœuvres d’obstruction et où certains n’hésitent même pas à recourir à la violence physique contre la partie adverse? Quelle prétention démocratique un tel parti peut-il encore afficher? Quel processus démocratique est-il capable de conduire? Bien crevée semble, hélas, aujourd’hui, la bouée de sauvetage que ce parti a représenté pour des millions de Tunisiens il y a à peine un an pour les tirer du naufrage assuré vers lequel la coalition formée par la Troïka était en train de nous conduire ! Et demain quel crédit les électeurs pourraient-ils encore accorder à Nidaa Tounes ? Vers quelle direction les déçus de ce parti, horrifiés par ces excessives ambitions personnelles, vont-ils s’orienter à l’occasion des prochaines élections municipales? Faudrait-il vraiment s’étonner si le parti des abstentionnistes devenait le parti majoritaire du pays? Il ne faut pas être grand clerc pour avancer, d’ores et déjà, que l’abstention ne profitera qu’au parti religieux qui continue discrètement son maillage du pays. Enfin, quelles répercussions aura la scission de Nidaa Tounes au sein de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et sur la solidité de la coalition gouvernementale?
Vous avez dit transition démocratique?
Et comme un malheur ne vient jamais seul, voilà que des ténors irresponsables entrent dans la danse et nous menacent de lendemains qui, loin de chanter, s’annoncent, plutôt, apocalyptiques ! Hachemi Hamdi, d’abord, a fixé, samedi 31 octobre, un ultimatum au gouvernement et lui a donné un mois afin qu’il commence à servir une allocation de 200 dinars aux diplômés chômeurs. Et au cas où l’exécutif n’obtempérerait pas à cette injonction, nous allons voir ce que nous allons voir, foi d’un démagogue !
Le même samedi 31 octobre encore, place Mohamed Ali, un secrétaire-adjoint de l’UGTT nous promet une grève dans le secteur privé au cas où un accord ne serait pas finalement établi, entre les partenaires sociaux, sur une augmentation salariale avec effet rétroactif.
Vous avez dit Prix Nobel de la Paix ?
Enfin, un ministre d’un parti de golden boys confie à une banque privée étrangère, par contrat, et pour la modique somme de 500.000 euros, selon ‘‘La Presse’’, une étude préalable en vue de l’établissement du prochain plan quinquennal de développement. Avec obligation, svp, pour l’administration tunisienne de fournir tous les renseignements dont cette banque aurait besoin afin qu’elle accomplisse le travail projeté.
Vous avez dit souveraineté nationale?
*Universitaire.
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