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‘‘A peine j’ouvre les yeux’’ de Leila Bouzid : La révolte faite femme

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Dans ‘‘A peine j’ouvre les yeux’’, son 1er long métrage, Leïla Bouzid présente une autre jeunesse tunisienne, loin de l’extrémisme et de l’indifférence.

Par Fawz Ben Ali

Les salles de cinéma du Grand Tunis ont ouvert leurs portes, le dimanche 22 novembre, au grand public des 26e Journées cinématographiques d Carthage (JCC) avec une panoplie de films de tous genres et de toutes nationalités, au bonheur des amoureux du grand écran.

Des salles complètes et des foules de cinéphiles peuplant les différentes rues du centre-ville de la capitale. Il est vrai que seules les JCC ont le pouvoir de transformer le calme dominical de Tunis en une ambiance aussi vive et festive.

Tel père telle fille

Le film qui a drainé le plus de spectateurs en cette première journée de projections fut le long métrage tunisien ‘‘A peine j’ouvre les yeux’’ de Leïla Bouzid.

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En effet, plus de 1.800 spectateurs étaient à la salle du Colisée pour découvrir le premier long métrage de la jeune réalisatrice, qui semble suivre les pas de son père, le célèbre cinéaste Nouri Bouzid.

Après des études à la Sorbonne et à l’Ecole supérieure des métiers de l’image et du son à Paris, Leïla Bouzid commence prudemment son parcours avec deux courts métrages : ‘‘Soubresauts’’ et ‘‘Zakaria’’ qui lui ont valu une soixantaine de sélections et des dizaines de récompenses à travers le monde. Suite à ces coups d’essai, elle se lance à l’assaut du long métrage avec ‘‘A peine j’ouvre les yeux’’ avec comme actrices principales Ghalia Ben Ali et Beya Mdhafer.

Avant même sa sortie officielle, prévue le 23 décembre 2015, le film est sélectionné dans différents festivals internationaux (Venise Days, Festival International du Film de Toronto, Festival international du film francophone de Namur…) et a déjà été récompensé par de nombreux prix (Bayadar d’Or de la meilleure première œuvre à Namur, Mention spéciale du Jury au War on Screen Festival; Prix du Meilleur film et Prix du public au Festival international du film de St Jean de Luz; Prix du public au Festival Arte Mare Bastia).

Egalement sélectionné à la compétition officielle des JCC dans la catégorie ‘long métrage fiction’, ‘‘A peine j’ouvre les yeux’’est en course pour le Tanit d’Or. Et c’est à guichet fermé qu’il a été projeté, pour la première fois en Tunisie, le soir du 22 novembre, à la salle le Colisée. La projection, présentée par le cinéaste Nejib Belkadhi, l’un des membres jurés des JCC 2015, s’est déroulée en présence de la réalisatrice et de toute l’équipe du film, sous le regard attendri de Bouzid père, qui aura droit – soit dit au passage – à un hommage spécial à travers la rediffusion de ses films les plus notables tout au long de cette semaine.

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Farah (Beya Mdhafer): une jeunesse bouillonnante et créative, audacieuse et parfois même casse-cou.

Une jeunesse révoltée

‘‘A peine j’ouvre les yeux’’ relate l’histoire de Farah, jouée par Beya Mdhafer. A 18 ans, contrairement à la volonté de sa mère qui l’imagine déjà médecin, Farah souhaite faire des études de musicologie. Elle cherche à se défaire des chaines que lui imposent sa famille et la société masochiste et hypocrite dans laquelle elle vit.

Animée par une sorte d’insouciance et de courage, elle trouve refuge dans une vie nocturne qu’elle mène secrètement, où elle s’enivre, découvre l’amour, les plaisir du corps et chante dans un groupe de rock engagé, défiant au passage la censure du régime de Ben Ali, qui ne manque pas de la punir et de l’écraser, à quelques mois de la révolution du 14 janvier 2011.

A travers ces jeunes bouillonnants et créatifs, audacieux et parfois même casse-cou, Leïla Bouzid a souhaité montrer une jeunesse tunisienne autre que celle de l’extrémisme ou de l’indifférence. Cette jeunesse, ont elle fait elle-même partie, est révoltée et aspire à la liberté, loin des dogmes religieux, et se bat au quotidien pour arracher ses droits et s’imposer dans la société.
Une deuxième projection du film est prévue au Théâtre Municipal de Tunis, le mardi 24 novembre à 14h30.

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