Le député Al-Karama, Seifeddine Makhlouf, avocat de son état, a indiqué ce soir, vendredi 6 mars 2020, sur la chaîne nationale Watania 1, avoir assuré la plaidoirie et défendu en appel l’un des deux kamikazes de l’attentat des Berges du Lac 2, survenu quelques heures plus tôt, Khoubaib Laaqa, dans une affaire où ce dernier avait été condamné à un an de prison pour un statut Facebook faisant l’apologie du terrorisme.
Le député a assuré que Khoubaib Laaqa avait été condamné au départ à 3 ans de prison pour un «simple post parlant de religion», publié sur Facebook, avant de s’en sortir avec un an de prison ferme, avec suivi administratif.
«On va dire que son statut est déplacé et qu’il a été manipulé et embrigadé. Mais s’il publie un post, je me réjouis car cela veut dire qu’il prend un mauvais chemin» a-t-il dit, dans une parfaite contradiction, visiblement gêné, en ajoutant : «Mais sa prise en charge passe-t-elle par la torture, l’emprisonnement, et la fabrication de dossier auquel on rajoute des choses pour prétendre qu’il veut rejoindre à Daech ?», accusant ainsi la justice tunisienne de fabriquer des dossiers, et notamment à celui qui, quelque temps plus tard, va commettre une attaque-suicide.
«Un autre de mes collègues l’avait défendu et moi j’ai assuré la plaidoirie et je l’ai défendu en appel. Il n’avait aucun signe d’extrémisme religieux. Il avait juste publié un post où il parlait de religion», a-t-il insisté, en concluant : «Il lui fallait plutôt un accompagnement et une prise en charge, et ils sont des milliers de jeunes comme lui», dans ce qui ressemble à une justification du terrorisme, expliqué ici par une défaillance de l’Etat et de la société. Argument facile et qu’on peut utiliser pour tout justifier : le vol, le viol, la délinquance et même, dans ce cas, le terrorisme.
Que Seifeddine Makhlouf ait défendu le kamikaze, qui s’est fait exploser aujourd’hui, n’est pas vraiment une surprise, étant surnommé «l’avocat des terroristes», pour avoir souvent défendu des extrémistes religieux accusés d’appartenance à (ou de liens avec) des groupes terroristes.
On citera notamment Sami Aidoudi, expulsé d’Allemagne, qui le présente comme ancien garde du corps de Ben Laden, ou encore Ameur Belazi, condamné en 2013 dans l’affaire de la voiture piégé ayant visé le poste de police de la Goulette, puis de nouveau arrêté, en juillet 2018, pour lien avec les assassinats de Chokri Belaïd (6 février 2013) et Mohamed Brahmi (25 juillet 2013).
C’est aussi Me Makhlouf qui avait dénoncé les descentes policières effectuées chez des suspects, au lendemain des 2 attaques perpétrées le 27 juin 2019, au centre-ville de Tunis .
«La police a les coordonnées des suspects et aurait dû les appeler au téléphone pour les convoquer», avait-il, très sérieusement préconisé…
D’ailleurs le député a été condamné, en décembre dernier, à 20 mois de prison ferme (il a fait appel du jugement), suite à une plainte déposée à son encontre par le procureur de la république du tribunal de Sidi Bouzid, en charge de l’affaire du centre coranique de Regueb, un lieu d’embrigadement, dont il avait dénoncé la fermeture en février 2019.
«Si tu es un homme viens à Tunis», avait lancé Me Makhlouf, en s’adressant au procureur, dans ce qui ressemble à une menace, en accusant l’Etat de mener une guerre contre l’islam (sic!) parce que ledit procureur avait ordonné la fermeture d’un centre où des enfants étaient coupés du monde, radicalisés et maltraités.
Deux d’entre eux avait même subi des agressions sexuelles par un adulte inscrit dans cette école, et qui a récemment été condamné à 30 ans de prison…
Et dire que ce sulfureux avocat, proche du parti islamiste Ennahdha et de l’un de ses principaux dirigeants, le président de son bloc parlementaire, Noureddine Bhiri, siège à l’assemblée !
Y. N.
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