Rafik Abdessalem, qui se positionne dans la course à la succession de Rached Ghannouchi, aux côtés des autres membres de la famille de ce dernier, traverse une crise existentielle, car le chef islamiste, âgé de 78 ans, n’est pas éternel et s’il venait à disparaître ou à perdre la présidence d’Ennahdha, «M. Gendre» ne serait rien. Ce qu’il a toujours été, d’ailleurs, sous ses airs d’élève bûcheur et appliqué qui vient d’apprendre sa leçon par cœur.
Par Imed Bahri
Rafik Abdessalem Bouchlaka, membre du bureau exécutif d’Ennahdha, s’est fendu d’un post, publié hier soir, vendredi 22 mai 2020, sur la page Facebook du parti islamiste, où il répond (et menace) les Tunisiennes et les Tunisiens qui appellent à descendre dans la rue pour dire Basta à 9 ans de pouvoir islamiste et de descente dans l’enfer de la corruption et de la pauvreté généralisées.
«Quiconque imagine que la Tunisie est une proie facile pouvant être arrachée par les coups d’Etat et l’anarchie, en activant les bras politiques et médiatiques, à l’intérieur et à l’extérieur, se berce d’illusion. Le peuple tunisien défendra ses institutions, sa Constitution et ses acquis, et les Nahdhaouis, en rang serré, unifié et solidaire avec le président du mouvement et son père fondateur Rached Ghannouchi, constitueront un barrage infranchissable avec l’aide de Dieu pour déjouer tous les projets putschistes. Ce qu’ils dépenseront comme argent, ils le regretteront demain», a écrit le genre de Rached Ghannouchi, l’époux de sa fille Soumaya, éphémère ministre des Affaires étrangères de janvier 2012 à mars 2013, un homme sans qualifications et sans compétence connue dans aucun domaine, contrairement à ce qu’il prétend, et qui est poursuivi en justice, depuis 2013, dans deux affaires d’abus de biens publics dites du «Sheraton Gate» et du «détournement d’un don chinois à la Tunisie».
Les dossiers dorment quelque part dans les tiroirs du Pôle judiciaire économique et financier, comme qui dirait… sous la main.
Le mouvement islamiste face à la montée de la colère populaire
Ce post doit être analysé et lu entre les lignes. Outre un énervement compréhensible face aux difficultés actuelles du mouvement et de son président, de plus en décriés, y compris par leurs alliés au gouvernement, ces lignes traduisent la crainte qui traverse le mouvement islamiste face à la montée de la colère populaire aggravée par la crise économique et sociale induite par la crise sanitaire du Covid-19.
Ces lignes laissent transparaître aussi la peur de voir ce mouvement monolithique à la soviétique se fissurer et éclater de l’intérieur, Ghannouchi étant considéré aujourd’hui par beaucoup de dirigeants islamistes comme le principal obstacle au renouvellement d’un mouvement vieillissant (sa création remonte à 1970), qui s’empêtre dans ses contradictions et montre de plus en plus chaque jour l’incompétence de ses cadres et leur incapacité de gérer les affaires publiques, échouant dans tous les postes qui leur sont généreusement attribués.
«M. Gendre» craint pour son avenir
La verve offensive de Rafik Abdessalem, qui se positionne dans la course à la succession du «vieux», aux côtés des autres membres de la famille de ce dernier, trahit, en réalité, une angoisse existentielle, car Rached Ghannouchi, âgé de 78 ans, n’est pas éternel et s’il venait à disparaître ou à perdre la présidence d’Ennahdha, «M. Gendre» ne serait rien. Ce qu’il a toujours été, d’ailleurs, sous ses airs d’élève bûcheur et appliqué qui vient d’apprendre sa leçon par cœur.
Non, M. Bouchlaka, vous pouvez toujours bomber le torse, votre mécanique rouillée n’impressionne personne. Si Ghannouchi et Ennahdha devaient tomber, ils tomberont, non par un putsch, comme vous le prétendez en faisant un procès d’intention à vos adversaires, mais le plus démocratiquement du monde. Et la chute approche, et elle sera brutale, car ce peuple n’en peut plus de vos manœuvres, de vos mensonges et de vos incompétences, ainsi au pluriel.
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