Avec son premier long métrage de fiction, Fares Naanaa démontre l’étendue de son talent de cinéaste intimiste.
Par Fawz Ben Ali
Après deux projections à guichet fermé lors de la 26e édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC), le premier long métrage de Fares Naanaa ‘‘Les frontières du ciel’’ est enfin sorti dans les salles du Grand-Tunis, de Bizerte et de Sousse.
Bien que le film n’ait pas remporté de prix lors des JCC 2015, il a tout de même attiré un grand nombre de spectateurs, même à sa première projection qui avait coïncidé avec l’attentat du 24 novembre, ayant visé un bus de la sécurité présidentielle à l’avenue Mohammed V, à Tunis.
Lotfi Abdelli.
Un parcours, une confirmation
Sélectionné à la compétition officielle des longs-métrages fiction de deux prestigieux festivals : les JCC (21-28 novembre 2015) et le Festival international du film de Dubaï (9-16 décembre 2015), ‘‘Les frontières du ciel’’ commence à s’engager petit-à-petit sur le marché international et à s’attirer des critiques plutôt positives.
Anissa Daoud.
Pour son premier long-métrage, Fares Naanaa tape dans le mille avec un casting de choc, un trio d’acteurs très convaincants : Lotfi Abdelli, Anissa Daoud et Mouna Noureddine, incarnant des rôles qui leur collent presque à la peau.
Fares Nanna, connu par le grand public surtout pour son passage devant la caméra de Semi Fehri, dans le rôle de Mourad dans la série télévisée ‘‘Maktoub’’, est un professionnel du cinéma avec des études artistiques et un parcours professionnel riches. Diplômé de l’Institut supérieur des arts dramatiques de Tunis (ISAD) et de l’Institut maghrébin du cinéma (IMC), il a fait ses premiers pas dans le cinéma en tant qu’assistant-réalisateur auprès du grand cinéaste Nouri Bouzid. Il a par la suite écrit et réalisé une série de courts-métrages, dont ‘‘Casting pour un mariage’’, sélectionné dans de nombreux festivals internationaux et couronné par le premier prix du Festival méditerranéen du court-métrage de Tanger, en 2005.
Mouna Noureddine.
Avec ‘‘Les frontières du ciel’’, Fares Naanaa confirme l’étendue de son talent et fait son entrée dans le cercle très sélect des réalisateurs tunisiens confirmés.
Un couple en éclats
Le film dresse un portrait subtil d’un couple ordinaire à la trentaine, divinement incarné par Lotfi Abdelli et Anissa Daoud. Après avoir mené une vie jusque-là paisible et, semble-t-il, heureuse, le couple vole en éclats du jour au lendemain suite à un malheur soudain et foudroyant qui fera jaillir toutes les tensions et les rancœurs longtemps enfuies. Le film, construit essentiellement autour de ce drame, se distingue par son rythme soutenu et une observation juste des comportements. Il révèle les secrets de la psyché de l’intimité du couple autour de la sexualité, de la religion, de la famille et du deuil difficilement assumé. En somme, un concentré émotionnel et intimiste d’un quotidien conjugal dans tous ses états.
Le réalisateur Fares Naanaa entouré de Lotfi Abdelli et Anissa Daoud lors d’une projection à la salle Le Rio.
‘‘Les frontières du ciel’’ ou ‘‘Chbebek El-Janna’’ est un film qui privilégie l’émotion sur l’action et l’observation sur le mouvement. La simplicité de l’histoire et la lenteur de certaines scènes ne sont pas des signes négatifs, loin de là, elles sont essentielles pour confronter le spectateur à toute la complexité psychologique des personnages.
‘‘Les frontières du ciel’’ est une analyse fine et intelligente de la sensibilité masculine et féminine, portée par des émotions et des sensations fortes. On n’en sort pas indemne.
‘‘Les frontières du ciel’’ est à l’affiche au Colisée, Le Rio et Le Palace (centre-ville de Tunis), Alambra et l’Agora (la Marsa), Cinévog (Kram) et Ciné Jamil (El-Menzah VI).
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