Très critiqué pour avoir constitué une nouvelle troïka parlementaire avec les islamistes d’Ennahdha et de la coalition Al-Karama, comme en témoignent toutes ses positions politiques depuis un bon moment, Qalb Tounes ne sait, décidément, plus sur quel pied danser pour prouver le contraire.
Par Cherif Ben Younès
Dans une tentative désespérée de contourner les accusations allant dans ce sens, son chef de bloc au parlement, Oussama Khelifi, a annoncé ce jeudi, 9 juillet 2020, que son parti s’apprête à rejeter l’examen des 3 nouveaux projets de motions présentées par Ennahdha au parlement.
Une déclaration qui a été mise en avant par le bureau médiatique de Qalb Tounes, à travers notamment un communiqué publié, quelques heures plus tard, dans la page officielle du parti, soulignant qu’il s’agit là de la preuve que le parti ne fait pas partie du clan Ennahdha, comme le pense aujourd’hui presque tout le monde.
Une position manquant cruellement de crédibilité
Pour rappel, Qalb Tounes a publié un autre communiqué en début de semaine pour dire qu’il avait rejeté l’examen du projet de motion du Parti destourien libre (PDL) appelant à classer l’organisation des Frères musulmans (qui partage la même idéologie qu’Ennahdha et Al-Karama) comme terroriste, et ce, parce qu’il avait décidé de boycotter toutes les motions.
Donc c’est aussi dans le souci de se montrer cohérent qu’il a pris cette décision de rejeter les motions d’Ennahdha.
Cependant, cette nouvelle position de Qalb Tounes manque cruellement de crédibilité, parce que la proximité avec les islamistes au niveau du parlement s’est déjà matérialisée via des affaires politiques beaucoup plus importantes, comme celle de l’élection du président de l’Assemblée ou encore le soutien du projet de loi d’Al-Karama visant à l’amendement de la loi relative à la communication audiovisuelle, et surtout, l’obsession d’Ennahdha à vouloir inclure le parti de Nabil Karoui au gouvernement.
Un vrai faux repositionnement
Pour ce qui est des nouvelles motions présentées par le mouvement islamiste, la première consiste en une demande adressée au gouvernement pour mettre en œuvre l »article 12 de la Constitution concernant la discrimination positive; la deuxième est relative à l’application de l’article 148 de la Constitution imposant des excuses aux victimes de l’ère pré-révolution, la publication de la liste des martyrs et des blessés de la révolution, la création d’un musée de la mémoire nationale et la création de départements spécialisés dans la justice transitionnelle; alors que la troisième appelle à l’interdiction et à la condamnation de la glorification de la tyrannie et des déclarations anti-liberté et dignité.
Remarquons que mis à part la 3e motion, qui entre clairement dans le cadre du règlement de compte envers le PDL, les propositions d’Ennahdha méritent d’être discutées et d’être soumises au vote, et ne nécessitaient pas une prise de position aussi radicale de la part de Qalb Tounes, si ce parti était en paix avec sa propre politique, qui est au mieux trop tordue et au pire trop malhonnête.
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