Le secrétaire général du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Néji Bghouri, a indiqué aujourd’hui, mercredi 22 juillet 2020, que le ministère de l’Intérieur et l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) étaient, selon des études et des statistiques effectuées par son syndicat, les institutions les plus hostiles aux journalistes en Tunisie.
Invité sur le plateau de «Midi show» sur Mosaïque FM, Bghouri a déclaré que le syndicat avait enregistré le retour d’attaques spécifiques visant les journalistes de la part de certains policiers, marquant ainsi le retour de pratiques dangereuses qui étaient censées avoir pris fin avec la chute de l’ancien régime, celui du Rassemblement constitutionnel démocrate (RCD).
A titre d’exemple, des sécuritaires ont même fouillé le matériel d’un journaliste pour savoir ce qu’il a filmé, a-t-il alerté.
En ce qui concerne le Parlement, alors qu’il était supposé représenter le pouvoir soutenant la liberté de la presse et de l’expression, il joue aujourd’hui, selon M. Bghouri, un rôle inverse, et ce, du fait d’un discours appelant à l’incitation à la haine contre les journalistes.
Il a, dans ce cadre, pointé du doigt les pratiques du chef de cabinet du président de l’Assemblée, Habib Khedher, qui se permet de tout décider, selon lui, y compris d’empêcher certains journalistes d’accéder à l’hémicycle pour faire leur travail.
Bghouri a, d’un autre côté, estimé que le peuple a été victime d’une manœuvre malhonnête lors de la dissolution, par des décisions judiciaires, du Rassemblement constitutionnel démocrate (RCD) et des Ligues de la protection de la révolution (LPR), alors qu’ils sont actuellement actifs dans le paysage politique et parlementaire, respectivement sous le nom du Parti destourien libre (PDL) et de la coalition Al-Karama.
Cette dernière représente d’ailleurs un grand danger sur la liberté de la presse en Tunisie aux yeux du journaliste, qui est notamment revenu sur son initiative d’amender le décret-loi numéro 116 relatif à la communication audio-visuelle, estimant que le but était de protéger des médias illégaux, à savoir Zitouna TV, une chaîne de télévision de propagande islamiste, et Nessma, dont le propriétaire est Nabil Karoui, président et fondateur de Qalb Tounes et allié d’Al-Karama au Parlement.
«Imaginez si Al-Karama, le PDL et Ennahdha avaient des chaînes de télévision. Il y aurait du lynchage dans les rues !», s’est-il alarmé.
«Nous avons confiance en les honorables députés pour mener une grande bataille. Le SNJT est en contact avec eux et leurs blocs pour faire face à la loi de Daech», a-t-il ajouté, assurant qu’il a également confiance en le président de la république, Kaïs Saïed, pour ne pas signer cette loi «inconstitutionnelle» au cas où elle obtiendrait un vote favorable de la part des élus du peuple.
C. B. Y.
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