Dans cette «Lettre» qu’il leur adresse, l’auteur appelle les député(e)s du parti Qalb Tounes à ne pas suivre leur président, Nabil Karoui, «trop tenu par ses dossiers judiciaires pour pouvoir retrouver un jour une liberté de penser et d’agir au-delà son intérêt particulier». Il leur demande aussi de voter, ce jeudi 30 juillet 2020, en leur âme et conscience et pour l’intérêt de la Tunisie. Traduire : le retrait de la confiance au président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rached Ghannouchi.
Par Dr Marouen Boulouedhnine *
Madame, Monsieur
En vous présentant aux élections en 2019, vous étiez sûrement animés de bons sentiments patriotes et d’une certaine volonté de servir. Et Dieu sait que votre démarche a nécessité un certain courage de devoir grignoter sur votre temps de famille, de loisirs et de travail. Vous aviez décidé de servir votre pays, quoi de plus beau ! Vous aviez passé du temps à essayer de convaincre de nombreux citoyens pour obtenir leur vote le jour J. L’un des points communs à vous autres du parti de Qalb Tounes avec ceux de Nidaa Tounes, était votre engagement à la non-alliance délétère avec Ennahdha. Beaucoup y ont cru….
Vous avez été élus, vous êtes redevables aujourd’hui envers vos électeurs qui se sont déplacés pour vous et qui vous ont soutenu. Le poids de la responsabilité nationale pèse sur vos épaules. Des événements regrettables ont jalonné votre début de mandat, passons….
Mais ce jeudi 30 juillet 2020, nous vous demandons un dépassement de vous-même, un sens élevé de l’intérêt de la nation, un courage patriote pour une conscience apaisée.
Malheureusement, votre président de parti est trop tenu par ses dossiers judiciaires pour pouvoir retrouver un jour une liberté de penser et d’agir au-delà son intérêt particulier. Ça c’est lui, qui ne vote pas. Mais vous ? Vous serez dans le secret de l’isoloir de l’histoire ce 30 juillet 2020. Et alors vous reviendront sûrement en mémoire vos souvenirs d’enfant, vos espoirs de vie meilleure, vos doutes, votre rêve de vouloir un jour peser sur des choix stratégiques nationaux. Grâce à vos électeurs, ce jour vous est offert ce jeudi 30 juillet 2020.
Ce jour-là, vous serez face à votre conscience.
Les paroles de vos parents et grands-parents reviendront à vos oreilles, les principes moraux, les valeurs humaines, les souvenirs des raisons d’un noble engagement le plus souvent sincère, hanteront votre esprit. Vous aurez le choix…. vous et vous seul(e). En votre âme et conscience.
Vous aurez le choix de servir les intérêts de votre pays en le débarrassant d’un «système parallèle» hostile à la Nation OU vous déciderez de le maintenir à une place que l’indécence, la manipulation et l’argent sale lui ont permis d’occuper.
Ce jeudi 30 juillet 2020, vous n’êtes pas censés obéir aux dictats d’un président de parti que l’histoire oubliera, et ni répondre aux diverses sollicitations financières. L’histoire retiendra votre nom à vous, pas celui du commanditaire. Ne restera dans notre mémoire collective que votre vote à vous personnellement et votre nom.
Et alors l’histoire se souviendra de votre choix patriote, ou de votre faiblesse devant l’innommable, votre trahison aux valeurs républicaines que vous êtes censés défendre. Et vous déciderez alors tout(e) seul(e) de jeter le discrédit sur votre nom, le nom de vos parents, l’avenir de vos enfants, car ils seront atteints par votre « vote » encore longtemps.
De grâce, pensez à tout cela ce jour historique du 30 juillet 2020. Pensez à l’honneur d’un pays, le monde libre vous le reconnaitra. Des hommes et des femmes illustres l’ont été par leurs actions décisives un jour qui est resté gravé dans l’histoire. Vous pouvez en être ! D’autres ont sali pour des générations leur nom jusqu’à devenir des maudits….
Ce jeudi 30 juillet 2020, laissez parler votre cœur d’enfant porteur de rêve, ne brisez pas le rêve d’une jeune démocratie en devenir à laquelle nous croyons, comme vous peut-être….
La Tunisie peut être sauvée par ses enfants courageux.
Que Dieu vous éclaire ce jeudi 30 juillet 2020 !
* Un simple patriote, comme tant d’autres …
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