Les raisons du très faible nombre de cas enregistrés lors de la première vague de la Covid-19 en Tunisie, ce sont le confinement général rapidement imposé, la fermeture précoce des frontières et la mise en quarantaine obligatoire de tous les positifs. Cependant, nous avons manqué de lucidité, de discipline et de rapidité dans la prise de décisions depuis le début de la 2e vague. Ce qui nous vaut l’explosion actuelle des contaminations et du nombre de morts.
Par Pr Faouzi Addad
La Nouvelle Zélande vient d’annoncer officiellement sa victoire sur la seconde vague de la Covid-19. Au total, 25 décès sur 5 millions d’habitants, lesquels ont retrouvé, depuis 48 heures, une vie normale sans masques ni aucune restrictions de rassemblements. Cet archipel est considéré, à juste titre, comme le pays au monde qui a le mieux géré les deux vagues de l’épidémie du coronavirus.
Le modèle néo-zélandais n’est pas facile à transposer ailleurs
Pourtant la 2e vague était très compliquée à gérer après 102 jours de cas zéro et une reprise des contaminations à la mi-août. Une décision douloureuse prise par le Premier ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardem, était d’imposer un re-confinement dans la capitale. Cela était certes très dur pour le moral des habitants après les 7 semaines de confinement général et très strictes lors de la première vague. Les conséquences économiques sont là mais au total, sur les 2 vagues, il n’y a eu que 1900 cas positifs et 25 décès. Mieux encore : le 18 octobre courant, la finale de rugby entre les All Blacks et l’Australie se jouera dans un stade plein à craquer et sans masques.
La recette qui a été appliquée, deux confinements, fermetures des frontières et mise en quarantaine de tous les ressortissants néo-zélandais. Juste pour rappeler que ce modèle ne saurait réussir que dans les pays où les politiques, les scientifiques et les citoyens sont en parfaite harmonie.
Le choix de la sécurité sanitaire s’est fait au détriment de l’économie. Avons-nous, en Tunisie, tous les atouts dont dispose un pays comme la Nouvelle Zélande ? Je dirais oui et nous l’avons montré lors de la première vague. Finalement, la raison du très faible nombre de cas enregistrés lors de la première vague nous la connaissons maintenant, ce n’est pas l’huile d’olive, l’harissa, le vaccin du BCG, la protection de Sidi Mahrez, mais un confinement général rapidement imposé, une fermeture précoce des frontières et une mise en quarantaine obligatoire de tous positifs.
Le virus est désormais partout, dans chaque quartier et chaque foyer
Cependant, nous avons manqué de lucidité et de rapidité dans la prise de décisions depuis le début de la 2e vague. Je pense qu’on s’y est pris souvent trop tard, mais des confinements courts par régions en empêchant les passages d’une région vers l’autre, ainsi que l’isolement obligatoire des cas positifs chez eux ou dans des lieux dédiés auraient pu limiter le nombre contaminations et de de morts.
En attendant que les mesures prises tardivement donnent des résultats, chaque citoyen devra faire son propre confinement en limitant ses mouvements et cesser les visites à la famille ou aux amis. Car le virus est désormais partout, dans pratiquement chaque quartier et chaque foyer.
* Professeur en cardiologie.
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