Dans une déclaration accordée hier soir, mardi 15 décembre 2020, à France 24, à l’occasion de sa visite officielle en France, le chef du gouvernement tunisien, Hichem Mechichi, a maladroitement associé le phénomène de migration clandestine (vers l’Europe) au terrorisme. Des propos qui lui ont valu une vague de critiques sur les réseaux sociaux.
«Qui dit migration clandestine, dit aussi terrorisme», a-t-il lancé, avant que l’animateur, étonné de cette déclaration, ne lui coupe la parole pour relativiser ses propos, en souriant : «pas toujours évidemment hein !».
Mechichi a ainsi contribué, probablement par simple maladresse communicationnelle, à l’alimentation du stéréotype considérant les migrants clandestins comme étant des terroristes potentiels.
Cela a naturellement provoqué la colère des Tunisiens, qui s’attendaient à ce qu’il fasse preuve de plus de bienveillance et de protection, dans ses propos, envers leurs concitoyens. Ou du moins d’être objectif et de ne pas tirer ce genre de conclusions injustes et démesurées, car après tout, le nombre de terroristes parmi les migrants clandestins est négligeable.
Une colère tout à fait légitime car le devoir du chef du gouvernement, dans le cadre de ce dossier, est plutôt d’œuvrer à la recherche de solutions aux Tunisiens qui recourent à la migration clandestine, en raison des conditions de vie déplorables dans leur pays, plutôt que de leur «cracher dessus» sur un média étranger.
Puis, même si on a tendance à l’oublier, en raison du système politique et économique mondial actuellement en place, mais la déclaration universelle des droits de l’homme donne à toute personne le droit de circuler librement et de quitter tout pays (article 13).
Les dirigeants des différentes nations sont, certes, «obligés» de s’opposer à la migration clandestine, pour de multiples raisons, mais au moins il ne faut pas en rajouter une couche et diaboliser les migrants irréguliers, comme l’a fait M. Mechichi. Ces personnes ne font, au bout du compte, que se révolter contre un système qui les prive de certains de leurs droits fondamentaux en tant qu’êtres humains.
Cherif Ben Younès
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