C’est une double purge. Une purge anti-Saïed et une purge misogyne, voilà le parfum du large «remaniement» qui s’apparente à une purge voulu par Mechichi, dicté par ses alliés islamistes et affairistes et ordonné par Rached Ghannouchi il y a une semaine. Exit tout ministre choisi par Saïed (même le ministre des Sports, salué de tous et n’ayant rien à voir avec les tiraillements de la politique politicienne en a fait les frais) et exit quatre femmes (Akissa Bahri à l’Agriculture, Saloua Sghaïer à l’Industrie et à l’Energie, Leïla Jaffel aux Domaines de l’Etat et aux Affaires foncières et Thouraya Jeribi aux Relations avec les Instances constitutionnelles et à la Société civile) et aucune femme parmi les nouveaux ministres. L’auteure de cette tribune revient sur cet épisode…
Par Semia Zouari *
Le scénario islamiste de l’interminable feuilleton du remaniement : encore un remaniement dont on aurait pu se dispenser à l’heure où l’instabilité gouvernementale bloque tout effort de gestion de la crise de la Covid-19, premier souci des Tunisiens, cruellement livrés à une pandémie dévastatrice.
Fallait-il complaire aux islamistes et limoger les ministres choisis par Kaïs Saïed, pour le défier et l’affaiblir?
Et pour affirmer «la volonté de promouvoir la parité» qui a fait l’objet de la création d’une structure dédiée, publiée dans le dernier Journal officiel de la république tunisienne (Jort), on limoge allègrement cinq femmes ministres, toutes compétentes et bien diplômées : Agriculture, Justice, Industrie, Domaines de l’Etat et Relations avec les instances indépendantes et la société civile…
Vous l’avez compris…. C’est l’indécrottable misogynie islamiste qui a réclamé leurs têtes… Elles refusaient vraisemblablement (de même que leurs collègues masculins) de se conformer aux «instructions» expresses de ceux qui se mêlent de tout, qui réclament des prébendes et des promotions pour leurs pions, souvent des candidats falots et peu méritants…
Pauvres islamistes… Voir des femmes de tête, dans des postes de responsabilité, ça leur coupe les pattes… Rien à faire…
Et qu’ils cessent de nous parler d’islamisme modéré, une imposture intellectuelle à laquelle les islamistes eux-mêmes ne croient pas…
Ennahdha ou Al-Karama (cet odieux avatar islamiste dont le chef avilit l’Assemblée et violente les femmes députés) ce ne sont que les deux faces d’une même pièce… Une monnaie «falsou», un sou percé, comme leur idéologie à deux balles, anachronique, misogyne, vouée à l’échec ainsi qu’en atteste la régression généralisée de notre malheureux pays depuis qu’ils l’ont agrippé de leurs griffes voraces avec leurs dédommagements et leur exigence d’amnistie juridictionnelle dont il n’aurait jamais fallu faire bénéficier des terroristes, confondus dans des attentats contre des civils innocents…
«Feddina minkom» (on a marre de vous) les confiscateurs de la révolution de la liberté et de la dignité !
Dire que vous avez osé accueillir votre gourou par les chants réservés à notre Prophète. Voilà le véritable sacrilège ! «لا يمثل»
Vous avez adopté les mêmes méthodes que les dictatures pour vous proclamer vainqueurs d’élections où le vote des vulnérables a été confisqué, où les morts ont été ressuscités, où le bourrage d’urnes et les falsifications ont tout biaisé et où l’argent sale a coulé à flot. Qui contesterait les conclusions de la Cour des Comptes à ce sujet ?
Et tout ça pour aboutir à des résultats économiques et sociaux calamiteux avec une absence totale de maîtrise de la gestion des affaires publiques. Le clientélisme politicien a ruiné la Tunisie et fait exploser l’administration plombée par les emplois fictifs d’agents inutiles et incompétents ! La prise en otage des sites de production d’hydrocarbures et de phosphates a achevé de ruiner notre pays, avec votre complicité et votre soutien logistique!
Inutile d’actionner vos barbouzes en nous promettant «un bain de sang» et «une guerre civile». Nous n’avons pas peur de l’instrumentalisation politicienne du terrorisme, des assassinats politiques, des procès montés de toutes pièces, des alliances politiciennes opportunistes et sans scrupules avec Makrouna et compagnie.
Le jour où vous quitterez ce pouvoir (car il faudrait bien croire à la nécessaire alternance de pouvoir dans tout processus de transition démocratique)… ce jour-là, la Tunisie applaudira…
Vous avez pour la plupart un deuxième, voire un troisième passeport… Nous ne pleurerons pas votre départ et notre pays se reconstruira sans vous, grâce à sa jeunesse, grâce à ses véritables compétences… Grâce à ses femmes justement que vous n’avez cessé de persécuter depuis dix ans avec vos limogeages ciblés des femmes grands commis de l’Etat, vos mariages «orfis», vos velléités polygames, votre exploitation éhontée de la femme, vos soi disant défenseurs de la religion qui terrorisent et traquent les récalcitrants…
Yezzi. Game over… Dégagez ! Vous et vos thuriféraires dont ce fameux parti berlusconien qui prétend être le cœur du pays alors qu’il est prêt à le vendre pour servir les intérêts de son «héros»!
* Ancienne ambassadrice.
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