La chronique quasi-quotidienne des drames de la migration illégale continue d’émouvoir les Tunisiens, qui découvrent, sur les réseaux sociaux, les dernières photos des mères et de leurs gosses en bas étage, qui périssent en mer suite au naufrage de leur barque voguant vers l’île italienne de Lampedusa. Et voilà que le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) nous apprend, mercredi 24 août, que plus de 2 000 mineurs tunisiens sont arrivés clandestinement en Italie depuis janvier 2022.
Le FTDES, ONG spécialisée dans les dossiers de l’émigration clandestine, ne donne toutefois pas de détails sur ses sources ni sur l’âge et le sort de ces mineurs, mais les chiffres qu’elle avance sont suffisamment inquiétants pour alerter l’opinion publique tunisienne, qui semble admettre ce fléau comme une fatalité, certains parents payant eux-mêmes au prix fort les passeurs pour assurer la traversée de leurs enfants.
La mort d’une enseignante tunisienne au chômage, Chahida Yaacoubi, originaire des environs de Oueslatia (Kairouan), et de son fils de 4 ans noyés lors d’une tentative de rallier clandestinement l’Europe depuis les côtes de Monastir (centre-est) le 14 août, n’a pas fini de susciter l’émoi dans tout le pays. Le drame, annoncé par les médias et confirmé par la garde maritime, a mis la lumière sur un phénomène qui prend de l’ampleur : les parents qui font courir à leurs enfants les risques d’une périlleuse traversée laquelle, souvent, finit mal.
Selon l’ONG, au total 10 139 Tunisiens, dont 498 femmes, ont pu atteindre les côtes italiennes depuis le début de l’année, alors que plus de 14 700 migrants clandestins, dont plusieurs Subsahariens, ont été interceptés et empêchés de poursuivre leur traversée et 443 sont morts ou portés disparus durant la même période.
Cette aggravation di fléau de la migration clandestine en Tunisie traduit un grave malaise social, provoqué par l’instabilité politique et la crise économique dont la population, malgré les promesses des dirigeants, ne voit pas le bout, alors que pour les catégories soumises à la précarité, notamment les 700 000 chômeurs, il n’y a même pas de perspective de salut à l’horizon.
I. B.
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