L’intellectuel, essayiste et éditeur Guy Sorman était, le 10 mars 2021, l’invité de Karim Rissouli dans son émission ‘‘C ce soir’’ sur France 5, et a évoqué la pédophilie du philosophe français Michel Foucault (1926-1984), qu’il a pratiqué notamment en Tunisie dans les années 1960, lorsqu’il enseignait à la Faculté des lettres et des sciences humaines de Tunis, de 1965 à 1969. Hier, dimanche 28 mars, il est revenu dans l’hebdomadaire britannique ‘‘Sunday Times’’ avec plus de détails sur les abus que commentait le célèbre philosophe, icône de la gauche française, sur de jeunes garçons, la nuit, dans le cimetière de Sidi Bou Saïd, le village arabo-andalous situé dans la banlieue nord- de Tunis.
Par Meriem Majdoub
Le tabou sur les abus et la dépravation des intellectuels en France semble se fissurer. Après les livres sur la pédophilie de l’écrivain Gabriel Matzneff ou de l’inceste du politologue Olivier Duhamel, révélé, en janvier dernier, par sa victime, la juriste Camille Kouchner, dans son livre ‘‘La familia grande’’, voilà qu’une icône voire carrément un prophète sacré de la gauche parisianiste est rattrapé par son histoire, en l’occurrence le philosophe Michel Foucault.
Ce qu’il commettait en Tunisie, il n’osait pas le commettre en France
Son ami Guy Sorman a brisé le silence le 10 mars sur France 5 et hier dans le ‘‘Sunday Times’’ dans un article détaillé intitulé ‘‘Michel Foucault abusait sexuellement des garçons en Tunisie’’. Il accuse Foucault de pédophilie, d’avoir profité de l’impunité en Tunisie et du fait que ce qu’il commettait en Tunisie, il n’osait pas le commettre en France. Sorman dit regretter de ne l’avoir pas dénoncé à l’époque.
«Je crois qu’il est important de savoir si l’auteur était un salaud ou pas. Ce qu’a fait Foucault avec de jeunes enfants en Tunisie, que j’ai vu et que je me suis reproché de ne pas avoir dénoncé à l’époque, me conduit non pas à rejeter son œuvre, mais à la regarder d’une manière différente», a écrit Sorman.
«Pour traduire, Foucault était selon vous un pédophile, ce qu’on ne rappelle pas en général quand on parle de lui», clarifie le présentateur de l’émission Karim Rissouli. Guy Sorman est formel : «C’étaient des choses parfaitement ignobles avec de jeunes enfants. La question du consentement ne se posait même pas […]. C’était d’une laideur morale extrême.»
Hier, dans le prestigieux hebdomadaire britannique, Sorman déclarait: «De jeunes enfants couraient après Foucault en disant ‘‘et moi? Prends-moi, prends-moi.’’ Ils avaient huit, neuf, dix ans. Il leur jetait de l’argent et disait ‘‘Rendez-vous à 22 heures à l’endroit habituel’’». Il précise que le l’endroit habituel était le cimetière de Sidi Bou Saïd. «Il y faisait l’amour sur les pierres tombales avec de jeunes garçons. La question du consentement n’était pas même soulevé», ajoute Sorman qui estime que Foucault a pu s’en tirer en raison de l’élément racial de ses affaires. «Foucault n’aurait pas osé le faire en France … Il y a une dimension coloniale à cela. Un impérialisme blanc», a-t-il dit dans un acquit de conscience un peu tardif, les faits remontant à un demi-siècle et à un moment où l’auteur de ‘‘Surveiller et punir’’, ‘‘Les mots et les choses’’ et ‘‘L’archéologie du savoir’’.
La complaisance du pouvoir politique tunisien est une honte
Ce qui est condamnable et choquant ce n’est pas uniquement la pédophilie de Michel Foucault et son cynisme ainsi que le silence de ceux qui le considéraient comme une vache sacrée mais la lâcheté des autorités tunisiennes de l’époque qui laissaient ses enfants se faire abuser par un pédophile et laissaient faire. Ils ne peuvent surtout pas se targuer de ne pas savoir car dans l’Etat policier de la Tunisie des années 1960 tout se savait surtout dans un petit village comme Sidi Bou Saïd. De plus, les étrangers résidents ou visiteurs étaient surveillés de près et leurs moindres faits et gestes étaient signalés. La complaisance du pouvoir politique tunisien est une honte, un État qui ne protégeait pas ses enfants.
Rappelons qu’avec Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Michel Foucault avait pris fait et cause pour Khomeini et l’ont soutenu publiquement quand ce dernier était réfugié en France car à leurs yeux l’ayatollah incarnait l’anti-impérialisme et le tiers-mondisme et non pas la théocratie et l’islamisme et le Shah Reza Pahlavi incarnait à leurs yeux l’impérialisme américain et le libéralisme. Un soutien précieux pour l’ayatollah qui trouvait son écho dans la presse française et occidentale ce qui avait excédé le Shah qui protestera auprès des autorités françaises de l’époque. Son ambassadeur à Paris transmettra à Giscard d’Estaing cette gêne impériale mais le président français ne fera rien. Le Shah était déjà lâché par les Occidentaux et on connaît ta suite…
Le héros des figures de gauche dont Foucault rentrera à Téhéran, fondera la République islamique, instaurera la charia, Reza Pahlavi mourra en exil au Caire chez Sadate et les gauchistes français furent les dindons de la farce.
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