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Kaïs Saïed, les islamistes et le faux projet de «coup d’Etat constitutionnel»

Toujours droit dans ses bottes et peu enclin à faire des concessions dans son combat contre les symboles de la corruption, le président de la république Kaïs Saïed énerve beaucoup de monde en Tunisie, à commencer par les islamistes du mouvement Ennahdha et leurs alliés et obligés qui ne cessent d’inventer et de diffuser des mensonges à son encontre, espérant ternir son image auprès des Tunisiens. Et plus les couleuvres sont grosses, plus les idiots utiles l’avalent ou font semblant de l’avaler…

Par Imed Bahri

Dans ce triste feuilleton, où la stupidité le dispute à la mauvaise foi, le dernier épisode a pris la forme d’un article intitulé «Top secret Tunisian presidential document outlines plan for ‘constitutional dictatorship’» («Un document top secret de la présidence tunisienne décrit le plan pour d’une ‘‘dictature constitutionnelle’’») publié par le site ‘‘MiddleEastEye.net’’, lequel, on ne le sait que trop, est financé par l’émirat du Qatar, protecteur et bailleur de fonds officiel des mouvements islamistes, y compris, bien sûr, Ennahdha.

Un mauvais scénario cousu de fil blanc

Cet article signé par deux obscurs journaleux, David Hearst et Areeb Ullah, fait jaser depuis sa publication hier, lundi 24 mai 2021, la planète islamiste tunisienne. On y parle d’un projet de coup d’Etat constitutionnel que le chef de l’Etat tunisien pourrait mettre en route en se basant sur l’article 80 de la Constitution de 2014, un mauvais scénario qui ne naîtrait que dans la tête d’un malade, d’un ignorant ou d’un manipulateur. Et c’est, selon nous, le cas, car le soi-disant document de la présidence de la république n’est pas authentique et c’est même un faux grossier et maladroit, qui en dit long sur la stupidité de ses auteurs.

Par ailleurs, et même s’il nourrit les cauchemars des islamistes, qui le redoutent sans vraiment trop y croire, le vrai faux scénario de «coup d’Etat constitutionnel» n’a aucune chance de se réaliser pour plusieurs raisons.

D’abord, l’idée même de coup d’Etat est impensable dans la Tunisie post-2011, quelle qu’en soit la forme, même par le recours à la Constitution. Quand bien même elle est souvent évoquée comme une possibilité par certains opposants aux islamistes, qui l’agitent comme un épouvantail, la dissolution de l’Assemblée ne saurait être décidée par le président Kaïs Saïed, un professeur de droit constitutionnel qui est bien placé pour en connaître les limites, les dangers et les conséquences désastreuses dans un pays qui souffre d’une instabilité politique chronique (une dizaine de gouvernements en une dizaine d’années) aggravée par une crise économique et financière et une instabilité sociale.

Les amis de Mechichi à la manœuvre

Mais quand on a écrit cela, on n’a encore rien expliqué. Car quel intérêt ont ceux qui ont diffusé cette nouvelle intox ? Et d’abord qui sont-ils ?

Dire que cette intox est inventée et diffusée par les islamistes est un peu trop rapide et ne tient pas la route. Et si les auteurs de l’intox appartenaient, plutôt, pour être plus précis, à une aile de la mouvance islamiste qui cherchent à empêcher tout rapprochement entre Rached Ghannouchi et Kaïs Saïed et ont intérêt à alimenter les divergences entre les deux hommes. Ce serait l’aile qui soutient le chef de gouvernement Hichem Mechichi et tente d’empêcher son limogeage et son remplacement, aujour’hui à l’ordre du jour, tant il est vrai que de récentes manœuvres tendent à déblayer le terrain vers un dialogue politique dont l’actuel chef de gouvernement paierait forcément le prix.

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