Emna Belhaj Yahia vient de publier son cinquième roman intitulé ‘‘En pays assoiffé’’ (184 pages) en coédition, à Tunis, aux éd. Déméter et à Paris aux éd. des Femmes, une réflexion romancée sur les liens problématiques de l’islam politique et son corollaire, le terrorisme, avec la question des femmes dans les sociétés arabo-musulmanes.
Ce roman nous embarque avec Nojoum, vieille dame aveugle que sa petite-fille questionne sur son histoire. Nous savons, dès les premières pages, qu’elles sont liées par un «Événement» qu’elles ont vécu ensemble quelques années plus tôt, en réalité, on l’apprendra un peu plus tard, l’attentat du musée du Bardo à Tunis, en mars 2015, où elles se trouvaient en visite.
«Juste après l’Événement, Nojoum avait éprouvé l’irrépressible désir de faire le plus grand mal qu’on pût imaginer. Mais comment s’y prendre? Elle n’arrivait pas à pleurer, avait l’âme lourde de méchanceté, rêvait de se venger en griffant, mordant, étripant, entendait la colère souffler sans arrêt au-dedans d’elle. Il lui poussait des crochets, elle avait envie d’être féroce et s’agrippait à cette envie pour se prouver qu’elle n’avait pas été anéantie. Sentir la méchanceté crépiter en elle, c’était tuer l’Événement, s’en évader», écrit Emna Belhaj Yahia.
Dans ce cinquième roman, Emna Benhaj Yahia retisse le fil de la vie de cinq générations de femmes en Tunisie. À travers l’émancipation des femmes et le retour de bâton de l’islamisme sous sa forme la plus extrême : le terrorisme enraciné dans la haine des femmes. Il y a toujours de l’espoir cependant, mais il vient surtout des femmes.
Née à Tunis où elle réside, Emna Belhaj Yahia a fait ses études de philosophie à Paris. Autrice de cinq romans et d’un essai (‘‘Questions à mon pays’’ , éd. de l’Aube, Paris, et éd. Déméter, Tunis. 2014), publiés à la fois en France et en Tunisie, elle a également contribué à plusieurs ouvrages collectifs. Elle a signé de nombreux articles portant sur les aléas de la modernité, la notion de citoyenneté, les obstacles à l’émergence de l’individu dans les sociétés arabes, et ce tout au long des quatre dernières décennies. Elle a participé à la création d’un mouvement autonome de réflexion en faveur des femmes tunisiennes et pour la défense de leurs droits. Elle est membre de l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts Beit Al-Hikma et membre du Parlement des écrivaines francophones.
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